To Waco : épisode 4/4 du podcast Looking for Kermit

"Dans les bois", 2016
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
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Dernière escale sur les traces du peintre Kermit Oliver: Waco, petite ville texane où il habite, peint, et a terminé sa carrière de postier.

La collaboration avec Hermès

C’est en 1980 que la collaboration entre Kermit Oliver et Hermès, l’une des maisons de couture les plus prestigieuses de Paris, débute. Elle semble improbable, elle arrive pourtant très naturellement et elle dure : Kermit dessine 16 carrés Hermès entre 1984 et 2014, et au sein de la maison, son coup de crayon reste une valeur sûre.

Les carrés existent depuis 1937, et sont portés par des personnalités telles que Jackie Kennedy, Grace Kelly, la Reine d’Angleterre. Au début des années 1980, la marque de luxe cherche un dessinateur américain qu'ils vont trouver en la personne de Kermit.

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En 1986, pour entériner la réussite de leur collaboration, Kermit et sa famille sont invités à Paris et à Lyon par Hermès, c'est leur premier voyage hors des frontières du Texas.

La conception des carrés

La conception d'un seul carré Hermès de 90cm par 90cm dessiné par Kermit Oliver peut prendre jusqu'à deux ans à être fabriqué tant chacune de ses créations recèle de complexité et traduit l'histoire des Etats-Unis à la manière d'une encyclopédie sensible.

Le premier carré imaginé par Kermit Oliver est commercialisé en 1983. Il représente un Indien, un des motifs récurrents dans l'oeuvre de l'artiste. Aujourd'hui encore, il fait partie des modèles a succès pour Hermès.

C’est triste et fort à la fois, cette oeuvre montre la dignité des Indiens d’Amérique. Shelby Marcus

Il partage avec les natifs le respect pour la terre, il comprend leur gratitude pour la beauté immense et complexe des Amériques. Alvia Wardlaw

Une ségrégation toujours active sur le marché de l'art?

Selon certains analystes, une forme de ségrégation persisterait sur le marché de l'art. Elle serait l'une des raisons, ajoutée à son refus d'exposer au-delà de Houston, de la notoriété relative de Kermit Oliver et du prix de ses oeuvres qui est élevé mais pas encore stratosphérique.

Si Kermit était blanc, il serait plus connu et il vendrait plus cher. Il se passe la même chose avec les artistes noirs qu’avec les artistes femmes : leur travail est sous-évalué.

Cette analyse porte à débat. Elle n'est pas partagée par le galeriste, représentant et collaborateur de Kermit Olivrer depuis des années, Geri Hooks.

Waco, chez Kermit Oliver

La dernière étape de l'enquête d'Anne Lamotte est Waco. Elle se rend d'abord au bureau de poste. Ses anciens collègues sont tous, comme toutes les personnes rencontrées d'ailleurs, plus qu'élogieux au sujet de Kermit, le postier et d'Oliver, le peintre. Ils confient que celui-ci n’aurait pas arrêté son métier à l’âge de 70 ans s'il n’avait pas été remplacé par une machine. Par ailleurs, il n’a pas souhaité fêter son départ à la retraite ce qui souligne encore remarquablement son humilité et sa discrétion.

J’ai découvert un jour que ça faisait des années que je parlais à un génie. Un ancien collègue

Après avoir rencontré ses anciens collègues, Anne Lamotte se dirige vers le lieu de résidence de Kermit Oliver dans l'espoir de le rencontrer. La maison de l'intéressé est protégée par un portail en fer forgé et de grands arbres aux fleurs roses, qui camouflent une bâtisse blanche de trois étages.

Tournage, écriture, montage, réalisation : Anne Lamotte

Musique originale : Léo Poumey

Musique de fin : "I'll be your mirror" de The Velvet Underground & Nico.