

Une dizaine de membres du collectif Extinction Rebellion ont investi l'ancienne Bourse d'affrètement de Saint-Mammès (77), laissée à l'abandon. Ils ont pour projet d'en faire un squat écolo, mais le moins que l'on puisse dire c'est que les Mammésiens ne l'entendent pas de cette oreille.
Deux légitimités s'affrontent
Depuis le 17 septembre 2020, la bourse d'affrètement de Saint-Mammès, dans la Marne, est occupée par des militants d'Extinction Rebellion, le mouvement activiste et écologiste d'origine britannique. La bourse d'affrètement était laissée à l'abandon mais, ce qu'ignoraient les actuels occupants, c'est qu'un projet de musée de la batellerie était porté par la mairie et par les représentants de la profession.
Les bateliers ont été liés à ce bâtiment pendant environ 200 ans et ceci jusqu'en 2000. Pour la plupart, ils ont vécu cette occupation comme une dépossession de leur patrimoine collectif. Un lieu de passage puis de mémoire donc, dont la défense si fervente a dérouté les militants qui pensaient élire domicile dans un bâtiment désaffecté et sans histoire.
Ce sont de vrais extrémistes écolos, leur seule préoccupation : tisser leur toile dans toute la France pour développer leurs idées politiques. Bien évidemment j’en pense le plus grand mal. Joël Surier, maire de Saint-Mammès
L'idée, c'est de mettre la société face à ses responsabilités en disant qu'il y a des logements vides, des gens à la rue, et que donc il faut les ouvrir ces logements. Cela correspond à la stratégie politique du groupe Extinction Rebellion qui est fondée sur la désobéissance civile. Un des représentants d'Extinction Rebellion
Deux mondes qui semblent impossibles à concilier
Le litige a occasionné des violences. Les bateliers ont tenté de chasser les militants par la force. L'idée d'Extinction Rebellion était de placer ce projet au coeur des activités de la ville. Ils ont proposé une journée de rencontre avec les locaux où ils proposaient différents stands pour rendre l'endroit accessible aux habitants du village.
En tant que maire, la désobéissance citoyenne ça n’existe pas. Je suis vraiment en rage de cette situation, je ne savais pas que n’importe qui pouvait s’approprier un patrimoine de la sorte. Joël Surier, maire de Saint-Mammès
La désobéissance civile et le squat faisant partie de la méthode et du mode d'action politique de ce groupe militant, les uns se croient dans leurs bon droit et les autres, animés par un sentiment d'injustice, croient à une atteinte à la loi et à leur bien.
Derrière ces militants ce sont des gosses, des gamins qui font les 400 coups. Un batelier
On a été très surpris de la réaction des gens, on essaie de se mettre à leur place. On ne sera jamais d’accord, on ne va pas lancer un débat politique sur la notion de propriété privée mais on voudrait pouvoir vire ensemble malgré tout. Une occupante de la bourse d'affrètement
Malgré tout, une forme de cessez-le-feu
Bien que le consensus ne soit pas à l'ordre du jour, les tensions s'apaisent dans le village grâce à quelques médiateurs qui, soit approuvent l'action d'Extinction Rebellion, soit, a minima, considèrent qu'il faut traiter les occupants avec moins de violence sachant que, avec le trêve hivernale, ils seront sans doute là jusqu'au printemps.
Pour l'instant, la volonté générale est enfin à la cohabitation malgré les différences d'âge et peut-être de milieux et d'opinions politiques.
La tension monte d'un cran
Un des mammésiens que nous entendons dans le reportage nous apprend aujourd'hui, mercredi 4 novembre, que, devant l'impossibilité de trouver un terrain d'entente avec les squatteurs de la Bourse, le conseil municipal a décidé de voter une motion de censure, pour notamment demander "le départ immédiat des occupants illégaux et l'arrêt de toute activité que le conseil municipal considère comme illégal".
Reportage : Emilie Chaudet et Rémi Dybowski Douat
Réalisation : Anne-Laure Chanel
Musique de fin : "Throws Me Around", artiste: Tricky, Album: Fall to Pieces, Label: Liberator Music
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