Végétarien au pays des charolaises

 Guillaume Mateuil et Norvège
 Guillaume Mateuil et Norvège  -  Léa Minod
Guillaume Mateuil et Norvège - Léa Minod
Guillaume Mateuil et Norvège - Léa Minod
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David s'est installé dans le Morvan en 2017, sur cette terre dont on dit souvent qu'elle "accueille plus de vaches que d'habitants". Il devient subitement végétarien et le raconte au Journal de Saône-et-Loire... en oubliant que sa parole sera entendue par de nombreux éleveurs de bovins du coin.

David a vécu une expérience étrange en mangeant de la viande en octobre 2017. Elle l'a rendu du jour au lendemain végétarien. 

J'étais comédien et j'ai fait un stage de clown où il fallait s'ouvrir pleinement aux émotions et aux sensations. À mon retour, on a fait un magnifique barbecue, j'ai cuisiné une côte de bœuf, tendre et saignante, très bonne. 

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Le lendemain, je me sens un peu patraque. Dans l'après-midi, je commence à trembler et à pleurer. 

C'était plus fort que moi, je disais que je m'excusais auprès de la vache. Même à mes oreilles, ça sonnait étrangement, tout en étant très conscient. 

À partir de là, j'étais incapable de manger à nouveau de la viande ou du poisson. Mon cœur n'en voulait pas. 

Un journaliste vient interviewer David et son histoire se retrouve en première page du journal de Saône-et-Loire. 

À l’occasion de la fête du village, le maire est venu me serrer la main en me disant qu'il n'avait rien contre les végétariens. J'ai pris conscience à ce moment-là que l'article risquait d'être beaucoup lu, notamment par les éleveurs de la région. 

Benoit Montaggionie, est le journaliste qui a mis un coup de projecteur sur l'histoire de David. 

La terre de Saône-et-Loire est une terre très agricole et c'est le berceau du Charolais. J'étais heureux de donner pour une fois la parole à quelqu'un qui n'était pas éleveur et qui a décidé de ne plus manger de viande. 

Les amis d'enfance de ma collègue originaire du Charolais, devenus pratiquement tous éleveurs, lui ont demandé comment on pouvait faire ça, pourquoi on mettait en avant ce "clown". 

Un éleveur de bovins charolais, a aussi réagi vivement à la lecture de l'article. 

Je n'envie pas les jeunes qui veulent devenir éleveurs maintenant ; entre la baisse de la consommation de viande, les demandes administratives de plus en plus lourdes et la météo qui n'est plus de notre côté....

Quand j'ai lu l'article dans le journal, je me suis dit : "quel est le con qu'est allé mettre un truc comme ça dans la journal !" Tu manges une côte de bœuf le soir, le lendemain t'es végétarien...C'est la façon dont c'est arrivé qui est étrange.  

Les gens ont interprété ça comme s'il avait vu le Christ ou la Vierge-Marie, c'est jamais que de la viande ! 

C'est déjà pas un métier facile, alors si on répète toute la journée aux éleveurs que ce sont des bandits, y en a qui vont devenir fous. 

Guillaume Mateuil, un autre éleveur de la région pense aussi qu'il est essentiel de défendre son métier. 

**Avec la loi EGalim, nos enfants ont commencé à manger végétarien une fois par semaine.  **Ce sont des mouvements minoritaires qui veulent imposer une façon de manger à nos enfants. 

Ils ne proposaient pas une alternative à ce menu végétarien, alors avec d'autres parents, on est entrés dans l'enceinte du collège sans autorisation, proposer une plancha aux enfants. 

Il est certains qu'on s'attache à certaines bêtes. J'avais une vache, Ruche, qui devait aller à l'abattoir et je n'ai pas réussi à l'envoyer finalement. Aujourd'hui Norvège me suit où que j'aille. 

Pour aller plus loin :   Le court-métrage anglais d'Alex Lockwood, "73 cows" qui raconte l'histoire d'un éleveur, Jay Wilde, devenu végétarien.  

Remerciements : 

Moise, Laëtitia ROPPA, Benoit Montaggioni, Bruno et le vétérinaire, Guillaume et le Herd-Book Charolais.

Reportage : Léa Minod 

Réalisation : Cécile Laffon

Chanson de fin d'émission : My Heart's Reflection de Yo La Tengo. Album : Electr-O-Pura

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