Comment les Blancs ont ouvert la porte de leurs livres aux Noirs : "La Case de l’oncle Tom"

Image de 1897 montrant le personnage de l’oncle Tom du livre de Harriet Beecher Stowe.
Image de 1897 montrant le personnage de l’oncle Tom du livre de Harriet Beecher Stowe. ©Getty - traveler1116
Image de 1897 montrant le personnage de l’oncle Tom du livre de Harriet Beecher Stowe. ©Getty - traveler1116
Image de 1897 montrant le personnage de l’oncle Tom du livre de Harriet Beecher Stowe. ©Getty - traveler1116
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Comment la littérature a-t-elle parlé des Noirs quand les Noirs sont devenus un sujet ? Quand le sont-ils devenus ? Aux États-Unis, ce fut avec "La Case de l’oncle Tom", écrit par la blanche Harriet Beecher Stowe en 1852.

Depuis la fin du XVIe siècle où, en Virginie, avait commencé le commerce d’esclaves, la tranquillité de leur exploitation se perpétuait d’autant plus aisément que ce n’était pas un sujet. Et puis tout de même, la politique s’en est mêlée, et la littérature s’y est mise.

La Case de l’oncle Tom est sorti de la littérature par son triomphe même. Quand un livre se vend à des centaines de milliers d’exemplaires, ce n’est pas par goût littéraire qu’il est acheté, mais pour autre chose. Voyez les romans de Houellebecq. Ils sont écrits comme des serpillières, mais ils démontrent. Ou semblent démontrer. Ce qu’ils font, c’est qu’ils flattent les préjugés d’un certain public. Que ce soit dans un sens inverse de celui de Beecher Stowe, prétentieux et méprisant, le seul point commun étant la médiocrité littéraire, est précisément la raison de son succès : ceux qui les achètent sont des racistes désireux de lire des imbécillités sur les Arabes, des homophobes voulant se repaître de bassesses sur les gays, des misogynes cherchant à assouvir leur rage contre les femmes. Le racisme, soit dit en passant, mériterait d’être étudié en fonction du physique de cet auteur. Ceux qui prônent la pureté de la race sont bien souvent des laiderons.

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Moralisme pour moralisme, La Case de l’oncle Tom a une qualité, l’énergie de son indignation. Beecher Stowe est portée par une verve qui a pu rencontrer les consciences endormies du public, et les éveiller. Son livre ne va pas jusqu’à la politique. Il parle de l’esclavage comme si c’était une fatalité venue des cieux, et que certains états du sud et leur cupidité n’y fussent pour rien.