

Depuis quelques années, nous découvrons en France un mouvement culturel florissant à Harlem, le Harlem de New York, dans les années 1920.
Les Noirs libérés de l’esclavage après la guerre de Sécession sont allés en masse vers le nord. Ceux qui se sont établis à Harlem, y retrouvant beaucoup de caribéens, ont écrit, peint, chanté, créé, joué, s’emparant d’une chose qui est à tout le monde, l’art, et inventé ce qu’on a alors appelé le New Negro Movement, depuis remplacé par l’expression Harlem Renaissance. On la trouve en 1940 dans les mémoires d’un des animateurs de ce mouvement, Langston Hughes.
Points Seuil vient de rééditer ce livre, Les Grandes Profondeurs, sous son titre anglais de The Big Sea. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais il est de première main pour la Harlem Renaissance. Hughes y consacre sa troisième partie. Selon lui, tout a commencé par le charleston et une revue musicale où une Josephine Baker débutante était choriste. Un mouvement qui part de la musique et de la danse, voilà qui est loin du principe d’agressivité à la base de certaines écoles européennes d’alors, comme le surréalisme. Les Blancs, qui ne recevaient pas de Noirs dans leurs clubs de Manhattan, se précipitaient au Cotton Club de Harlem, où les Noirs les recevaient. Le théâtre florissait. Les revues littéraires se multipliaient. N’ayons pas de rêve de paradis perdu : Hughes dit que c’était très difficile, en particulier pour la littérature.
Encore moins facile, la liberté sexuelle. Hughes, qui était gay, ne pouvait pas écrire là-dessus et ment à ce sujet dans ses mémoires. Dans la Harlem Renaissance, la liberté se faufilait par la chanson. Des chanteuses lesbiennes et bisexuelles, Bessie Smith, Ma Rainey ou Ethel Waters, n’hésitaient pas à chanter leur forme d’amour. Je recommande, de Bessie Smith, "It’s Dirty But Good", c’est sale, mais c’est bon. La narquoiserie est parfois le premier stade de la libération.
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