Les nouveaux chiens de garde

Les nouveaux chiens de garde
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Alors que depuis vendredi soir une « nouvelle » choc secoue le paysage médiatique français, celle de la dégradation par l’agence de notation Standard and Poors du triple A français, vos Retours ce soir ont décidé de braquer l’attention sur notre système d’information et ses dérives. La sortie cette semaine sur le grand écran d’un film, Les nouveaux chiens de garde * ravive une critique ancienne. Quatre vingts ans après le livre de Paul Nizan Les Chiens de garde* qui s’insurgeaient contre les philosophes et les écrivains, qui sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en gardiens de l’ordre établi….. 16 ans après l’essai critique de Pierre Bourdieu Sur la Télévision …. 15 ans après le pamphlet de Serge Halimi Les Nouveaux chiens de garde qui stigmatisait des médias dominés par un journalisme de révérence, des groupes industriels et financiers, une pensée de marché, et des réseaux de connivence….Voici remis au goût du jour par un film qui mèle astucieux montage d’archives et infographie impertinente, la critique de la connivence des journalistes-vedettes, de l’indépendance des médias, tombés dans l’escarcelle des groupes financiers. Ces nouveaux chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social, une caste, une oligarchie qui fait que la presse serait devenue oublieuse des valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité qu’elle prétend incarner. Des nouveaux chiens de garde qui ne se contentent pas d’aboyer la même doxa, mais qui donneraient la patte aux puissants et mordraient les plus faibles… et qui surtout feraient partout triompher le journalisme de marché, la pensée unique…. Alors…. entre raison et passion, et alors que les médias et les journalistes vivent une révolution numérique, écrivent une nouvelle page de leur histoire sous le joug d’Internet, qu’en est-il en réalité de cette liberté de la presse dont Chateaubriand estimait qu’elle les valait toutes ? Qu’en est-il du 4e pouvoir incarné par la presse cher à Tocqueville, supposé exercer un contre-pouvoir ? Qu’en est-il dans notre société immédiate, de la vitalité du débat public et de la formation des opinions publiques ? Dix ans après sa mort, Pierre Bourdieu n'est pas mort. Dix ans après sa mort, Pierre Bourdieu bouge encore. Une enquête fouillée permettrait de démonter ce qui reste de sa pensée à l'université ou dans le monde académique. Mais il est évident que son travail critique a engendré une intense militance qui s'est focalisé sur les connivences financières et médiatiques, les allégeances entre politiques et journalistes. Depuis ses brûlots sur la télévision et ses enquêtes sur l'emprise du journalisme, des journaux satiriques ou mêmes sardoniques comme PLPL ou le Plan B, des associations comme Acrimed ou des films notamment réalisés par Pierre Carle ont porté et prolongé sa critique auprès d'un large public. Alors que Pierre Bourdieu est aujourd'hui en passe d'être panthéonnisé, et même embaumé comme un sage auteur classique, voici que ce film, Les nouveaux chiens de garde , réalisés par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, vient nous rappeler sa virulence et sa cohérence critique pour les uns, ses excès et son outrance pour les autres. Tourné contre ce qu'il appelle le journalisme de marché, ce film pointe les revirements de ces journalistes qui sont passé « de la pensée Mao à la pensée science-Po », comme dirait Bourdieu, ce film déroule les petits et grands arrangements avec la déontologie, met à jour les ménages et les convergences de fond d'un univers socialement homogène. Film de combat, il interroge aussi sur l'éthique et l'avenir du métier : « Le journalisme, c'est le contact et la distance », disait le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry. Comment faire pour que ce précepte ne se transforme en ceci « le journalisme, c'est l'entre-soi et la connivence » ? C'est pour en discuter que nous avons invité à en débattre Jacques Kirsner , producteur et scénariste chez JEM productions, producteur délégué du film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat Les nouveaux chiens de garde . C'est pour ces raisons que nous avons invité Pascal Josèphe , ancien directeur d'antenne et de programmes sur plusieurs chaines de télévision (France 2, la 5, France 3 et TF1). Pascal Josèphe est également fondateur de l'IMCA (International médias consultants associés), auteur notamment de La société immédiate (2008, Calmann-Lévy). Un débat où l'on verra sans doute que le journalisme, comme la sociologie, est un sport de combat.Mais il ne sera pas question ce soir que de servilité, de mise au pas, de dépendance, de pensée unique, * Les Retours du Dimanche * se penchent aussi dans la vie des idées qui agitent les pages débats du Monde sur le triple A tel qu’aurait pu l’imaginer Pierre Bourdieu, disparu il y a 10 ans…quand on ne parlait encore des Agences de notation…. Enfin notre tour du monde, en compagnie du de Clément Lacombe , journaliste au Monde, part à la recherche du fameux Graal, le triple A que la France vient de perdre……

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