Après une longue journée de chasse, les animaux d’Afrique cherchent bien souvent un point d’eau pour s’abreuver. Ils lapent, s’amusent, chantent, stridulent…
Au crépuscule, les mares deviennent des lieux de rassemblements pour un bon nombre d’espèces qui pendant la journée étaient plutôt dispersées dans la Savane.
Oublions un instant les imposants barrissements et, les rugissements, il se joue là, dans l’humidité de la nuit, un tout autre cinéma, un cinéma sonore, délicat, rare. L’audio-naturaliste, Fernand Deroussen remarque : “Les sons entendus durant ces nuits sont relativement subtils pour des gros mammifères, c'est très étrange. On pourrait penser qu’un éléphant qui arrive dans un buisson, c'est comme une boule de billard dans un magasin de porcelaine : ça fait tout exploser. Eh bien non ! Ils passent doucement, on ne les entend pas marcher, on les entend à peine souffler”.
Cachés dans une tente, dans un affut, les audio-naturalistes, les preneurs de son vivent quelques étranges aventures nocturnes pour les besoins d’une exposition ou à la demande des scientifiques.
Alors de nuit, le point de vue laisse place au point d’écoute des présences animales nocturnes. La biologiste Aude Lalis raconte une nuit autour d’un point d’eau dans la savane : “Le défilé des animaux est constant, c'est assez incroyable parce qu'on peut avoir en début de nuit les zèbres, puis ensuite les girafes, puis vont arriver les prédateurs : les lions, les hyènes. Ça va défiler comme ça, par clans d'espèces jusqu’aux premières heures de la matinée.” Elle voit dans ce cortège une véritable cohabitation : “C’est une harmonie, on a l'impression quelquefois d'être dans un tableau qu'on aurait nous-mêmes peint en mettant les espèces qu'on aime et dont on imagine la présence en Afrique”.
Fernand Deroussen évoque ce qu’il ressent en écoutant les sons de cette savane nocturne : “On est comme dans un concert. Vous avez les altos, vous avez les violons, vous avez la contrebasse, vous avez les percussions, et chacun est à sa place, ça se perçoit parfaitement dans le mouvement musical. Et là, c'est pareil, on sent que chaque espèce est à sa place sans gêner l'autre. Du coup, ça devient très beau à l'écoute. Et pourtant, ce n'est pas de la musique”.
Un documentaire d’Aline Pénitot.
Avec :
Fernand Deroussen, audio-naturaliste,
Damien Perrollaz, ingénieur du son,
Annemarie Ohler, herpétologiste,
Géraldine Véron, zoologiste,
Paul-André Calatayud, entomologiste,
Aude Lalis, biologiste.
Liens
- Site de Fernand Deroussen
- Nuit, biodiversité nocturne, pollution lumineuse : la population interrogée. Via NuitFrance, 2016.
- Trame noire - Méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre. A consulter sur le portail technique de l’Office français de la biodiversité.
- Dossier sur le métier d’audionaturaliste publié dans la revue Espaces naturels, n°47, juillet 2014.
- Présentation du projet Lepinoc qui a pour objectifs principaux d’améliorer l’état des connaissances sur les papillons nocturnes et de sensibiliser aux enjeux de protection de la biodiversité nocturne. A lire sur le site de l’association de sauvegarde de la nature, Noé.
- Vision animale : le côté obscur de la force. Article de David Hicks (Inserm) publié sur le blog Défi écologique.
- Voir avec la voix : le pouvoir de l’écholocalisation. Dossier en ligne sur le site de Museum national d’histoire naturelle.
Remerciements :
Sensory Odyssey, Mardi 8, Museum national d’histoire naturelle
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