Aux origines de la colère : épisode • 2/4 du podcast Génération ZAD

Rassemblement sur le causse du Larzac (Aveyron) contre l’extension d’un camp militaire, le 26 août 1973.
Rassemblement sur le causse du Larzac (Aveyron) contre l’extension d’un camp militaire, le 26 août 1973. ©Getty - William Karel
Rassemblement sur le causse du Larzac (Aveyron) contre l’extension d’un camp militaire, le 26 août 1973. ©Getty - William Karel
Rassemblement sur le causse du Larzac (Aveyron) contre l’extension d’un camp militaire, le 26 août 1973. ©Getty - William Karel
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Si la longue histoire des luttes environnementales se raconte par un affrontement du pot de terre contre le pot de fer, les rapports de force ne sont désormais plus aussi nets et les militants ont appris à combattre sur le terrain du droit.

À peine né, le capitalisme portait en lui les raisons de la colère et des premières luttes environnementales. Thomas Leroux, historien spécialiste des luttes environnementales, rappelle que, « du 17e au 19e, il y a eu plusieurs types de luttes environnementales dont celle qui consistait à lutter contre la privatisation des communs et qui a engendré des révoltes partout en Europe. » Par ailleurs, il ajoute «qu’il n’était pas rare que des communautés locales se révoltent, pétitionnent, se rassemblent et fassent des recours juridiques pour ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un problème environnemental. Sauf que dans les mots de l’époque, c’était plutôt de la survie des populations. »

Renaud Bécot, historien spécialiste des luttes syndicales et environnementales, évoque le lien des luttes ouvrières et des classes populaires à partir des années 70 à la naissance des mouvements environnementaux : « Dans ces années-là, on ne parle pas encore d'environnement, mais plutôt de cadre de vie et certains mouvements comme par exemple celui des syndicalistes de la CFDT vont avoir une réflexion théorique sur le cadre de vie en estimant qu’il faudrait connecter les luttes dans les entreprises, dans les usines, avec des mobilisations à l’extérieur de ces entreprises-là ».

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Partout des conflits locaux éclatent opposant affairistes et citoyens et certains de ces combats vont finir par marquer la mémoire collective. Larzac, Plogoff ou Notre Dame Des Landes résonnent comme les plus valeureux des légendaires combats de David contre Goliath et les plus belles victoires. 

Tour à tour légaux et extra-légaux, ouvertement partisans ou apparemment apolitiques, ces conflits nous racontent comment, au fil du temps, s’est construite et diffusée une conscience environnementale. Pour Jade Lindgaart, journaliste à Médiapart et membre du collectif Des Terres pour Auber, « Les discussions politiques d'il y a vingt ans sont toujours valables, c’est-à-dire, la critique du capitalisme, la critique de la libéralisation du commerce. La critique des inégalités Nord-Sud, est toujours valable, mais elle s'est considérablement renforcée avec la compréhension de la gravité des dérèglements climatiques qui a été un accélérateur de ces inégalités et de la prédation capitaliste. Donc, il y a un cadre général qui crée plus d'urgences. »

Dans un monde où « small is not beautiful », un monde « greenwhashé » dans lequel même polluer se fait au nom de l’écologie, le temps n’est plus à l’indignation. La « génération climat » est désormais en ordre de bataille équipée d’armes de désobéissance, hypothèque l’avenir de certains projets capitalistiques dévastateurs. 

Les rapports de force changent et la ZAD devient un véritable atout pour les protestataires, car selon Pablo Corroyer, universitaire spécialiste des territoires contestataires, « Les militants écologistes trouvent de plus en plus d'intérêt à accepter les formes d'action type occupation ou ZAD, parce qu'en fait, elles complètent l'action juridique en empêchant physiquement l'avancée des travaux. C'est un outil, c'est plus qu'un outil ».

Avec :

François Pinatel, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation

Jade Lindgaart, journaliste à Médiapart et membre du collectif « Des Terre pour Auber »,

Stéphane Tonnelat, ethnologue chargé de recherche au CNRS, spécialiste des interstices urbains

Alessandro Pignocchi, chercheur en Sciences cognitives et philosophie de l’art, auteur d’un ouvrage graphique sur la SAD de NDDL intitulé « La recomposition des mondes ».

Alain Bertho, anthropologue et ancien membre des refondateurs au sein du parti communiste français

Pablo Corroyer, universitaire spécialiste des territoires contestataires,

Philippe Artière, directeur de recherche au CNRS auteur du livre « Le peuple du Larzac »

Thomas Le Roux, historien spécialiste des luttes environnementales

Renaud Bécot, historien spécialiste des luttes syndicales et environnementales 

Isabelle Frémeaux, maître de conférence en Media & Cultural Studies au Birbeck College de Londres. Sa recherche-action explore l'éducation populaire, le story-telling et les formes créatives de résistance. Elle est l’auteur, avec John Jordan d’un ouvrage-film, « Les sentiers de l’utopie ».

Chloé Gerbier, juriste de l’association « Notre affaire à tous »

Un documentaire d’Alain Lewkowicz, assisté de Philippine Rouvière-Flamand, réalisé par Marie-Laure Ciboulet.

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LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 04/10/2021 le film Qui est là ? Souad Ketanni (54’)  

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