

Tchernobyl et Fukushima : des laboratoires à ciel ouvert. Les ingénieurs français ont mesuré, scruté, visité, évalué, dosimétré les zones irradiées. Ils voulaient surtout savoir comment survivre à la catastrophe lorsqu'elle arrivera chez nous.
Tout le monde se souvient du fameux nuage de Tchernobyl qui aurait précautionneusement contourné les frontières de l'hexagone. Pas de problème en France. Rien à signaler. En 2002, la Criirad, organisme indépendant, publie un atlas qui révèle de façon détaillée la contamination du territoire français, et prouve que « le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière française » a en fait arrosé en mai 1986 tout l'hexagone, de l'Alsace à la Corse, de doses de césium 137 parfois supérieures à 30 000 becquerels/m2 . La catastrophe, c'est bien connu, ça n'arrive qu'aux autres. Hier comme aujourd'hui. Or tout le monde le sait : sur une soixantaine de réacteurs nucléaires en France, un accident est aujourd'hui probable.
Ainsi, lorsque les "spécialistes" français se sont précipités sur les dizaines de milliers de kilomètres contaminés à Tchernobyl et au Japon après les catastrophes, ce n'était pas vraiment pour compatir avec des populations locales obligées de vivre dans des zones contaminées pour des milliers d'années. Ils voulaient surtout savoir comment survivre à la catastrophe lorsqu'elle arrivera chez nous.
Les considérant comme des laboratoires à ciel ouvert, les ingénieurs français ont mesuré, scruté, visité, évalué, dosimétré les zones irradiées de Tchernobyl à Fukushima. Leurs habitants. Les décombres. Les plantes et les animaux. Ils ont passé au compteur Geiger le lait que buvaient les enfants et sondé la thyroïde et le sang de leurs parents. Etudié les comportements. Scruté les habitudes. Ils ont voulu qu'on gobe la pilule. Ils ont trouvé un mot, un mot assez vilain d'ailleurs pour ne pas dire que les Japonais et les Biélorusses nous servaient de cobayes. Ils appellent ça l'acceptabilité. Le tout récent incendie de l'EPR de Flamanville a occupé la une aux actualités, malgré l'assurance qu'il ne s'agissait que d'un incident sans gravité. La communication du nucléaire est essentiellement paradoxale : plus c'est grave, moins l'information circule.
Avec :
- Roland Desbordes, président de la Criirad
- Michel Fernex, Professeur émérite de médecine, et ancien expert OMS
- Bernard Laponche, physicien co-auteur de En finir avec le nucléaire, pourquoi et comment aux éditions du Seuil
- Yves Lenoir, auteur de La comédie Atomique aux éditions La Découverte
- Bertrand Michoud, ingénieur EPR, directeur du chantier Flamanville 3
- Didier Anger, fondateur du CRILAN
- Annie Thébaud-Mony, auteur de La science asservie aux éditions La Découverte
- Michaël Ferrier, auteur de Fukushima, récit d'un désastre aux éditions Gallimard
- Stéphane Lhomme, anime le site L'observatoire du nucléaire
- Yves Marignac, directeur de Wise Paris et membre de Négawatt
Textes lus par Nicolas Lambert : La condition nucléaire de Jean-Jacques Delfour aux éditions L'Echappée
En Biélorussie, ils sont allés mettre au point des programmes dont l'objectif était : comment faire oublier la radioactivité aux populations qui vivent en zone contaminée, pas par choix, mais par obligation ? Comment vivre heureux dans les zones contaminées ? Ces programmes, nous les avions dénoncé à l'époque en disant : "c'est grave, c'est habituer les gens à prendre en charge leur propre radioprotection. Les gens ne sont responsables de rien dans ces zones-là. Les responsables, ce sont les exploitants, c'est l'Etat. Et eux, ils se retrouvent à gérer leur propre radioprotection en disant : "si je ne veux pas prendre trop de dose, il ne faudra pas que je mange trop de champignons.", etc. (...) C'est scandaleux pour moi." Roland Desbordes
Un documentaire de Lydia Ben Ytzhak, réalisé par Christine Diger
La presse en parle
Sur France Culture, un voyage terrifiant au cœur des centrales nucléaires (Carole Lefrançois, Telerama, 13/06/2017)
Liens
L'OMS: dans les griffes des lobbyistes de Jutta Pinzler et Talana Mischke
Franckushima, essai graphique sur la catastrophe de Fukushima et le risque nucléaire en France
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