Écrire à l’américaine : épisode • 3/4 du podcast L’Amérique des écrivains français

Scène du Faucon maltais de John Huston, adapté du roman policier éponyme de Dashiell Hammett, paru en 1930. Un classique du genre hardboiled qui va marquer des générations d'auteurs français.
Scène du Faucon maltais de John Huston, adapté du roman policier éponyme de Dashiell Hammett, paru en 1930. Un classique du genre hardboiled qui va marquer des générations d'auteurs français. - Wikimédias Commons
Scène du Faucon maltais de John Huston, adapté du roman policier éponyme de Dashiell Hammett, paru en 1930. Un classique du genre hardboiled qui va marquer des générations d'auteurs français. - Wikimédias Commons
Scène du Faucon maltais de John Huston, adapté du roman policier éponyme de Dashiell Hammett, paru en 1930. Un classique du genre hardboiled qui va marquer des générations d'auteurs français. - Wikimédias Commons
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Ce que signifie écrire à l’américaine pour un écrivain français, c'est chercher l’efficacité narrative, inventer une fiction à tout prix, adopter, dans le style et le rythme, l’ampleur que dégagent les paysages américains et maîtriser les ficelles du thriller.

Il y a bien une écriture et un style américains. 

Dans ce pays dont les habitants eux-mêmes jouent à être Américains, par leurs postures, leur habillement, leur vocabulaire, dans cette Nation où le touriste croit pénétrer dans un film à chaque coin de rue, les écrivains ont une capacité à inventer qui s’oppose au goût des Français pour la théorie. Le fait que le pays soit si jeune, que son histoire soit encore si brève, permet à ses écrivains de le représenter sous forme de frise, à la manière des écrivains français du XIXème siècle. 

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Écrire à l’américaine, c’est garder le sens du réel, croire en la fiction, se libérer de toute inquiétude, dit Tanguy Viel. C’est donner au lecteur envie de ne pas poser le livre. C’est écrire suivant « le tempo de la chevauchée », dit Maylis de Kerangal. C’est inventer des monstres politiques, comme le fait Marc Dugain dans son roman La Malédiction d’Edgar.

Un imaginaire mondialisé

Je suis frappé par la puissance qu'a le cinéma américain dans les imaginaires. À un point qui est presque dérangeant. Cet été, je marchais sur une route dans le Vercors. Les voitures me dépassaient. Comme souvent, en marchant, il y a un imaginaire référentiel qui se met en place, qui se mêle aux images réelles. Et à ce moment là, j'ai eu des images qui me sont venus, qui étaient celles du cinéma américain. Je me suis dit qu'il était vraiment très difficile d'avoir un imaginaire qui ne soit pas entachée par les influences américaines. Il y a véritablement à la fois une puissance et une qualité du cinéma américain qui a fait qu'il s'est emparé de l'imaginaire mondial. Fabrice Humbert

Un avantage américain ? 

Les Américains ont un avantage troublant sur nous. Même quand ils placent l'action dans le Kentucky, au milieu des élevages de poulets et des champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international. Même dans le Montana, même avec des auteurs qui s'occupent de chasse, de pêche et de provisions de bois pour l'hiver, ils arrivent à faire des romans qu'on achète aussi bien à Paris qu'à New York. Cela, c'est une chose qui m'échappe. Nous avons des hectares de forêts et de rivières et nous ne parvenons pas à écrire des romans internationaux. Du jour où j'ai compris cela, je dois dire j'ai pris une carte de l'Amérique, je l'ai accroché sur le mur de mon bureau et je me suis dit que l'histoire entière de mon prochain livre se déroulerait là-bas, aux États-Unis. Tanguy Viel 

OSS 117, pas si français 

C’est avec le Plan Marshall qu’arrivent les comics américains, qui vont être interdits en 1949, et les romans criminels, les romans d'espionnage et la science fiction. Alors, on peut dire Le premier espion, c’est OSS 117. Et puis il y a James Bond. Ce sont des Français et des Anglais. Mais en fait, quand on regarde l'esthétique des films et des romans, c'est une esthétique très américaine. OSS 117, le grand espion français qui naît un peu avant James Bond, c'est un personnage à l'américaine. Bond est un personnage anglais mais c'est un personnage à l'américaine. En fait, tous ces personnages sont dominés par un imaginaire américain. Le grand héros français des années 1960, Bob Morane, a bien un nom américain, Bob. Tout devient un peu américain. Matthieu Letourneux

Avec

Un documentaire de Virginie Bloch Lainé, réalisé par Clotilde Pivin

Bibliographie

Liens 

Partenariat

LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner le film Jour des élections du réalisateur brésilien Nereu Afonso Da Silva (8 minutes, 2018) jusqu'au 09/11/2020. 

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