

Présent dans l’inconscient collectif et la conscience nationale le traumatisme suinte. Il est le lot de tous, le fardeau qu’on se transmet de génération en génération, chaque fois un peu plus lourd.
Première diffusion : 15/05/18
Traumatisme. C’est en doute en Israël que ce terme prend toute sa signification. Présent dans l’inconscient collectif et la conscience nationale le traumatisme suinte. Et il est le lot de tous, le fardeau qu’on se transmet de génération en génération, chaque fois un peu plus lourd. De l’Exil biblique à Gaza en passant par la Shoah et toutes les guerres israélo-arabes, les Israéliens constituent un mille feuille de traumatismes et de tous leurs syndromes. Un cocktail explosif.
A l'école par exemple, on a chaque année, le jour de l'Holocauste et le jour du souvenir. Pour des adolescents, ces journées sont très marquantes. A 17 ans, un officier vient à l'école et parle de l'importance de l'armée. Et tous les après-midi, tu vas t'entraîner pour l'armée. Yaniv Itskowicz
Il a « suffi » de quelques films comme Beaufort, Valse avec Bachir et Lebanon pour que toute une nation, et toute une génération se trouve enfin une thérapie. Une véritable analyse à l’échelle de toute un pays, un travail de mémoire qui n’avait jamais été possible, comme si la seule mémoire disponible, la seule valable était celle de la Shoah. La guerre que ces films nous montrent est celle du prix à payer pour vivre en Israël. Le prix du traumatisme dont souffrent tous les Israéliens, toutes générations confondues. Guerre après-guerre, opérations militaires après opérations militaires, attentats après attentats, Israël accumule et sédimente les traumatismes qu’on commence à peine à prendre en compte et à soigner. Les « héros » revenus du long exil de 2000 ans et des camps nazis pour bâtir l’Etat d’Israël sont adulés et célébrés tandis que la figure du combattant d’élite ne cesse de fasciner la psyché de toute une nation. Dans ce pays à l’instabilité permanente, les maladies liées aux syndromes post-traumatiques sont légions.
C'est après cette première guerre du Liban qu'on a commencé à parler de syndrome post-traumatique. Avant, n faisait en sorte que cette question ne soit pas audible au sein de la société. Zohava Salomon
Avec
- Yishai Sari, écrivain
- Nadav Lapid, réalisateur
- Zahava Solomon, psychologue spécialiste des syndromes post-traumatique
- Yaniv Itskowicz,écrivain
- Samuel Maoz,réalisateur israélien
- Ariel Schweitzer, critique de cinéma et spécialiste du cinéma israélien
- Yaron Elder, ancien militaire et fondateur d’une association de victimes de syndromes post-traumatique
- Avi Mograbi, réalisateur et acteur israélien
- David Grossman, écrivain
Un documentaire de Alain Lewkovicz, réalisé par Assia Khalid
Filmographie
- Foxtrot ; Lebanon - Samuel Maoz
- Valse avec Bachir - Ari Folman
- Beaufort - Joseph Cedar
- Le policier ; L'institutrice - Nadav Lapid
- Entre les frontières ; Dans un jardin, je suis entré - Avi Mograbi
- Mon trésor ; Loin de mon père ; Jaffa - Keren Yédaya
Liens
- La Shoah dans la littérature israélienne, avec notamment une partie sur la littérature contemporaine. Un dossier de la Revue d’histoire de la Shoah, n°184, 2006.
- Ophir Levy : Présence de la Shoah dans le cinéma israélien : un cinéma peuplé de cauchemars, In Revue d’Histoire de la Shoah, n°195, 2011.
- Histoire du cinéma israélien par Ariel Schweitzer, extrait du livre collectif L’Etat d’Israël (Fayard), en ligne sur le site Judaïciné.
- "Valse avec Bachir" d'Ari Folman ou la valse des images clandestines. Article d’Ophir Levy, paru dans Histoire@Politique.
- Entretien avec Avi Mograbi, un cinéaste pas radical : à lire dans la revue Débordements, juillet 2013.
- Dans Foxtrot, Samuel Maoz chorégraphie le cycle du traumatisme d’Israël. Entretien à lire dans le Times of Israël, octobre 2017.
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