

Celles et ceux qui s'expriment ont fabriqué d’autres récits, proposés d’autres imaginaires. En racontant leurs réalités, elles et ils reprennent le pouvoir sur des narrations longtemps confisquées.
“Les premières années après le viol, surprise pénible : les livres ne pourront rien pour moi” écrit Virginie Despentes dans King-Kong Théorie, mais d'autres récits s'écrivent comme celui d'Annie Ernaux “Pourquoi je vais employer le terme "consenti" ? Ce terme de consentir va devenir depuis #MeToo le verbe clé”.
Annie Ernaux a longtemps craint de mourir avant d’avoir écrit son roman Mémoire de fille, “le trou inqualifiable, le texte toujours manquant”. Dans ce documentaire, elle emploie le terme “viol”, qu’elle a longtemps refusé, pour décrire l’expérience vécue par La fille de 58, “Quand vous prononcez ces mots, maintenant j'en vois l'ampleur, l'ampleur de la violence, l'inadmissible. Vous avez raison et maintenant, j'ai raison de dire viol".
Cet épisode prend le contrepied de la “culture du viol”, ce corpus cinématographique, littéraire, pictural, qui banalise, esthétise, mythifie les violences sexuelles. D'ailleurs, Mathilde Forget, rappelle, un extrait d’écrits pour la parole de Léonora Miano "Non ! On ne se fait pas violer. On ne se fait pas, on est violé. C'est l'autre qui fait le viol". Et Andréa Bescond précise "C'est l'agresseur qui est sale, ce n'est pas la victime. Danser m'a permis de mettre des mots qui ne pouvaient pas sortir par la voix".
Avec
- Mathilde Forget, auteure et compositrice
- Marcia Burnier, autrice
- Coralie Fargeat, réalisatrice
- Andréa Bescond, danseuse, actrice, réalisatrice
- Abdellah Taïa, auteur et réalisateur
- Annie Ernaux, auteure
Un documentaire de Clémence Allezard, réalisé par Séverine Cassar
Chanson de fin : Douce maison, d’Anne Sylvestre
Bibliographie
- Une culture du viol à la française ? - Valérie Rey Robert (éd. Libertalia)
- Écrits pour la parole - Léonora Miano (éd. L’Arche Éditeur)
- La couleur pourpre - Alice Walker (éd. Robert Laffont)
- Une fièvre impossible à négocier - Lola Lafon (éd. Actes sud)
- Chienne - Marie-Pier Lafontaine (éd. Héliotrope)
- L’histoire de Bone- Dorothy Allison (éd. 10/18)
- Peau - Dorothy Allison (éd. Cambourakis)
- La petite fille sur la banquise - Adelaïde Bon (éd. Grasset)
- Histoire de la violence - Edouard Louis (éd. Seuil)
- Treize jours - Roxane Gay (éd. Denoël)
- Mordre au travers - Virginie Despentes (éd. Flammarion)
- Otages - Nina Bouraoui (éd. JC Lattès)
- La voyeuse interdite - Nina Bouraoui (éd. Gallimard)
- L’une d’elles - Una (éd. Çà et Là)
- La politique du mâle - Kate Millett (éd. Des femmes)
- Mémoire de fille - Annie Ernaud (éd. Gallimard)
- Le consentement - Vanessa Springora (éd. Grasset)
- King Kong théorie - Virginie Despentes (éd. Grasset)
- Une mélancolie arabe - Abdellah Taïa (éd. Le Seuil)
Liens
- On se lève et on se barre”, tribune de Virginie Despentes après la récompense de Roman Polanski aux Césars 2020
- Enquête de Marine Turchi sur les violences sexuelles dans le cinéma français
- Analyse du traitement médiatique du viol dans la presse - un discours sexiste ? Mémoire d’Elisa Brinai, université de Lyon 2, 2012
- Viol et littérature (XVIe-XIXe siècle) : Dossier de la revue Tangence, n°14, 2017, sous la direction de Nathalie Grande.
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