Femmes migrantes invisibles : épisode 3/4 du podcast Les impasses de la migration

Femmes migrantes, Calais, Novembre 2016
Femmes migrantes, Calais, Novembre 2016 ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Femmes migrantes, Calais, Novembre 2016 ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Femmes migrantes, Calais, Novembre 2016 ©AFP - PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Statistiquement plus nombreuses que les hommes sur les chemins de l'exil, les femmes sont pourtant les grandes absentes du récit médiatique et de la recherche scientifique dans le domaine des migrations.

Pour comprendre l’invisibilité Camille Schmoll constate : “il y a aussi un peu d'auto-invisibilité de la part des femmes qui ne souhaitent pas forcément attirer l'attention sur leur sort, leur trajectoire. La migration reste une transgression” et remarque que cette absence peut servir un certain discours “ or, quand on veut construire la migration comme une menace, c'est probablement plus efficace de se concentrer sur les hommes.” 

Depuis plus d'un demi-siècle, les bénévoles de l’ Association meusienne d'accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) viennent en aide aux personnes migrantes présentes sur leur territoire, aux femmes notamment. Camille Schmoll  rappelle cette situation : “il y a toujours eu des femmes en migration. On les a simplement occultés pour différentes raisons. En fait, ce sont à l'initiative de femmes, de chercheuses féministes que depuis les années 60-70, on redécouvre la part des femmes dans ces migrations. On sait qu'elles étaient très nombreuses dans les grandes migrations transatlantiques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. " 

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Confrontées tout au long de leurs parcours migratoires mais également dans leur pays de destination à des violences de genre, ces femmes ne sont que trop rarement prises en compte et considérées selon leur sexe par les pouvoirs publics. Majoritairement des femmes, les bénévoles de l'AMATRAMI tentent, avec le peu de moyens à leur disposition de leur apporter un soutien spécifique et adapté.  Lucette Lamousse se souvient “elles étaient perdues en arrivant, leur première demande c’était de parler le français”. Camille Schmoll observe un changement dans cette migration : “les femmes qui partent, partent aussi parce qu'elles ont pu conquérir au départ une certaine forme d'autonomie. Ces changements du point de vue du positionnement social des femmes dans les sociétés de départ qui font qu'on va partir, ne sont pas uniquement des changements négatifs”. 

Avec

  • Aïcha, citoyenne algérienne réfugiée en France 
  • Mire, citoyenne albanaise réfugiée en France 
  • Salimata, citoyenne ivoirienne réfugiée en France 
  • Lucette Lamousse, co-fondatrice de l’Association meusienne d'accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) 
  • Colette Nordemann, présidente de l'AMATRAMI 
  • Camille Georges, médiatrice socioculturelle à l'AMATRAMI 
  • Khadija, employée à l'AMATRAMI 
  • Camille Schmoll, géographe, autrice de Les damnées de la mer (éd. La Découverte) 
  • Élise Buliard, animatrice famille à l’AMATRAMI 

Une série documentaire de Raphaël Krafft, réalisée par Guillaume Baldy 

Liens

Mirjana Morokvasic : Femmes et genre dans l’étude des migrations : un regard rétrospectif, In Les cahiers du CEDREF, n°16,  2008.

Travail et femmes migrantes : invisibilisation des qualifications, utilité sociale et parcours d’émancipation : article d’Elise Lemercier, publié dans Nouvelles Questions féministes, n°2, vol. 27, 2008.

Les femmes migrantes face aux violences sexuelles en France : article de Julie Pannetier (démographe de la santé) et Andrainolo Ravalihasy (ingénieur statisticien, IRD) à lire dans The Conversation, mai 2020.

Féminiser le regard sur les migrations. Entretien avec Camille Schmoll paru dans Contretemps, janvier 2021.

Femmes à la dérive en Méditerranée centrale. Dossier de presse réalisé par l’ONG SOS Méditerranée.

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