

Raconter la guerre, c’est la possibilité de s’en libérer. Les parents qui ont vécu la guerre préfèrent ne pas en parler. Ils espèrent ainsi protéger les enfants en évitant de transmettre les traumatismes. Parfois, le silence est pire que le récit de la violence.
Les enfants partent en quête du passé des parents, pour donner du sens à ses résurgences.
Quelle que soit la guerre, quel que soit l’âge qu’on avait quand on l’a traversée, on ne sait pas comment faire avec ce passé douloureux. Alors on se tait, plein de bonnes intentions : ne pas raviver la souffrance, éviter de la partager avec les enfants et de les mêler à ce qu’on voudrait oublier.
Mais l'intention ne porte pas toujours ses fruits et les enfants peuvent avoir besoin ou envie de savoir, ou ne pas trop savoir s'ils ont envie de savoir et se débattre dans l'incertitude. Dans tous les cas, ils souffrent du silence, et sont pris en otages dans un devoir de mémoire désincarné.
Parfois, ces enfants se mettent dans une quête de compréhension de l'histoire individuelle du parent en la rattachant à l'Histoire collective. Cela permet d'aborder les choses moins frontalement, que le problème n’est pas familial, mais que les responsabilités sont politiques.
Les historiens jouent un rôle étayant et salvateur : agents extérieurs, ils libèrent la parole, ils aident à tisser les fils de l'expérience individuelle de la guerre avec le récit national, et en apportant du sens à la souffrance traumatique, permettent de la comprendre et donc de l'apaiser. Ils rappellent l’urgence de témoigner de ces histoires intimes, parce que les guerres continuent, et que le pire est toujours en chacun de nous, alors il faut continuer, sans relâche à raconter.
Libre de leur histoire
Je ne veux pas que à cause de ce que je leur dis, je force leur raisonnement. Il ne faut pas de mélange de mon histoire et de la leur. Je voudrais les laisser libre. Medhi Charef
Défaut de transmission
Vous, enfants de Tournan-en-Brie, vous êtes combien à savoir que votre ville a été déglinguée, bombardée, démolie pendant la guerre ? Il y avait 150 élèves ou 140 et une main s'est levée. Jean Beaumel
Fantasmer le silence
Ce n'est pas parce que la société est prête à entendre un certain nombre de choses sur la guerre d'Algérie, que dans les familles, on est prêt à comprendre, à expliquer, à pardonner. Raphaëlle Branche
Avec
- Valérie Portheret, historienne
- Paulette Pechere, fille d'une enfant cachée de Vénissieux
- Jean Baumel, enfant sauvé du camp de Vénissieux
- Bruno Boulzaguet, comédien et metteur en scène
- Antonin Varenne, auteur
- Raphaëlle Branche, historienne
- Frederika Amalia Finkelstein, auteure
- Jacques Klanjberg, enfant caché pendant la seconde guerre mondiale
- Mehdi Charef, auteur, réalisateur
Une série documentaire de Pauline Maucort, réalisé par Véronique Samouiloff
Bibliographie
- Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? - Enquête sur un silence familial - Raphaëlle Branche (éd. La Découverte)
- L'oubli - Frederika Amalia Finkelstein (éd. Gallimard)
- Vous n’aurez pas les enfants - Valérie Portheret (éd. XO)
- Rue des Pâquerettes - Mhedi Charef (éd. Hors d'atteinte)
- Vivants - Mhedi Charef (éd. Hors d'atteinte)
- Le Mur, le Kabyle et le marin - Antonin Varenne (éd. Points)
Liens
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