Le 19 juillet 1937 est inaugurée à Munich l'exposition "Art dégénéré". Près de 700 œuvres appartenant à tous les courants de la modernité artistique du début du siècle sont décrochées d’une quarantaine de musées allemands, pour être exhibées comme les symptômes d’un art malade.
Une série documentaire de Christine Lecerf et Franck Lilin
Le 19 juillet 1937, l’exposition L’Art dégénéré est inaugurée à Munich. Gratuite et itinérante, elle circule durant quatre années dans toutes les grandes villes d’Allemagne et d’Autriche, et sera fréquentée par près de 3 millions de visiteurs.
On ne s'est pas contenté de l'art juif, c'est tout l'art moderne qui a été saisi. Imaginez-vous, ce sont quelque 20 000 œuvres qui ont été décrochées des musées et saisies. Et dans les musées, il y avait évidemment ce que les artistes avaient fait de mieux. Le peintre expressionniste Ernst Ludwig Kirchner avait vendu ou donné près de 1 000 tableaux aux musées allemands. Quand il apprit que la plupart de son oeuvre avait été saisie et détruite, Kirchner se suicida. (Ralph Jentsch)
Près de 700 œuvres appartenant à tous les courants de la modernité artistique du début du siècle (expressionisme, dadaïsme, surréalisme, art abstrait) sont décrochées d’une quarantaine de musées allemands, pour être exhibées comme les symptômes d’un art malade. Cette « exposition de la honte » sert en réalité de contre-modèle à une autre exposition. La veille, Hitler avait en effet inauguré en grande pompe à la Maison des arts l’exposition officielle des « purs » chefs-d’œuvre de l’art allemand.
Les nazis définissaient l’art moderne par la négative. La politique nazie en matière d’art était très précise sur les critères de race, mais pas du tout sur les critères stylistiques. (Christian Furhrmeister)
Scénographie d’un face à face.
Ce qui est intéressant dans la double exposition de 1937, l’exposition de l’art sain, de l’art naturel, de l’art racial, l’art allemand d’un côté, enraciné dans sa longue histoire depuis la Grèce, et de l’autre côté cette exposition de l’art dégénéré : ce qui est intéressant, c'est que l’on montre les deux. (Johann Chapoutot)
Avec :
- Johann Chapoutot, historien du nazisme, Paris
- Christian Fuhrmeister, historien de l’art sous le national-socialisme, Munich
- Ralph Jentsch, conservateur, spécialiste de Georg Grosz, Berlin
- Bernhard Maaz, directeur des Musées de Bavière, Munich
- Eric Michaud, historien de l’art, EHESS, Paris
- Benedicte Savoy, historienne de l’art, Berlin
- Denise Verneret, historienne, spécialiste d’Otto Freundlich
Liens
L'exposition Art dégénéré en 1937 (L'histoire par l'image)
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