

Nous nous pensons souvent comme différents et même comme supérieurs aux non-humains, mais qu’en est-il vraiment ?
L’anthropocentrisme est le principal biais de compréhension du vivant. Mais justement pour élargir et enrichir notre vision, observons-le dans son écologie avec un paléoanthropologue. Antoine Balzeau qui étudie l'évolution des Humains préhistoriques, nous rappelle que : “Homo Sapiens se distingue à la fois par de nombreux aspects et par pas tant de choses que ça. On a des particularités évidentes, mais quand on compare avec tous les êtres vivants, c'est compliqué de trouver des caractéristiques vraiment uniques d'un point de vue purement biologique à notre espèce, on se limite à des différences qui sont anecdotiques, alors que dans notre environnement plus très naturel, on voit bien qu'Homo Sapiens a pris une place très importante.”
Est-ce que la différence serait à chercher du côté de la culture comme le suggère le philosophe Etienne Bimbenet : “Nous sommes biologiquement des animaux et culturellement, nous ne le sommes pas du tout, c'est cette balance qu'il faut avoir en tête lorsqu'on parle de l'humain dans son rapport aux animaux, bien que l'on puisse parler de proto culture animale, ce n’est pas pareil. La culture humaine est normative, au sens où elle oblige mes comportements, et cette culture humaine me contraint à rentrer dans le commun d'une manière beaucoup plus profonde qu'elle ne le fait chez les animaux”.
Quant à l’analyse de Catherine Lenne, chercheuse en biologie végétale, elle remet en perspective l’importance d’Homo Sapiens sur terre : “Pour moi, le monde végétal, c'est la base nécessaire, c'est le socle du vivant sur la planète, sans le monde végétal, le seul qui fabrique la matière dont nous nous nourrissons : la matière organique. Sans elle, il n'y a pas d'animaux, donc les végétaux, c'est vraiment la première marche, c’est la plus importante, c’est le socle et si on le scie, on désorganise toutes les pyramides, tous les réseaux trophiques énergétiques qu'il y a derrière et donc, on menace tout le reste des espèces vivantes”.
Nous approchons aussi le concept développé par un philosophe de l’écobiographie ou de l’écologie à la première personne comme nous l’explique Jean-Philippe Pierron : “L’écobiographie c'est de se demander dans quelle mesure les liens que j'entretiens avec d'autres que moi, y compris mes liens avec ce qu'on appelle sommairement la nature qui est faite des relations avec les vivants non-humains que sont les végétaux, que sont les animaux, mais aussi avec les milieux naturels aussi différents soient-ils. J'essaie de montrer qu'on a avantage à penser cette dimension relationnelle de notre identité parce qu'elle augmente la compréhension qu'on a de nous-mêmes. C'est une biographie du soi environnemental.”
Alors, pourquoi l’humain est un vivant d’exception, capable du pire comme du meilleur ? Pourquoi et comment domine-t-il son environnement ? Est-il responsable de tous les maux dont on l’accuse ?
Un documentaire de Franck Bessière, réalisé par Anne Fleury.
Avec :
Alain Prochiantz, chercheur en neurobiologie et professeur au Collège de France,
Jessica Serra, docteur en éthologie,
Antoine Balzeau, paléoanthropologue,
Yves Christen, biologiste et journaliste scientifique,
Michel Kreutzer, professeur émérite, éthologue au Laboratoire Ethologie, Cognition Développement, Université Paris Nanterre,
Etienne Bimbenet, philosophe et professeur de Philosophie contemporaine à l'Université de Bordeaux-Montaigne
Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie de l'art, est aujourd'hui auteur de BD
Jean-Philippe Pierron, agrégé et docteur en philosophie,
Gilles Boeuf, biologiste français spécialiste en physionomie environnementale, biodiversité et expert en océanologie,
Catherine Lenne , enseignante chercheuse en biologie végétale à l'université Clermont-Auvergne de Clermont-Ferrand
Bibliographie
- Antoine Balzeau, Brève histoire des origines de l'humanité, Tallandier, 2022
- Alain Prochiantz, Singe toi-même, Odile Jacob, 2019
- Catherine Lenne, Dans la peau d'un arbre , Belin, 2021
- Michel Kreutzer, L'Éthologie, Puf, 2021
- Yves Christen, Les surdoués du monde animal, les éditions du Rocher, 2009
- Jean-Philippe Pierron, Histoires de vie et rapport au végétal : écobiographie en formation, Harmattan, 2021
- Jean-Philippe Pierron, Je est un nous. Enquête philosophique sur nos interdépendances avec le vivant , Actes sud, 2021
- Etienne Bimbenet, Le Complexe des trois singes. Essai sur l'animalité humaine, Seuil, 2017
- Jessica Serra, Le grand livre de l'intelligence animale, éditions Larousse, 2021
- Jessica Serra, Dans la tête d'un chat, HumenSciences, 2020
Liens
- L'Homme et l'animal : anthropocentrisme, altérité et abaissement de l'animal. Entretien avec Elisabeth de Fontenay, paru dans Pouvoirs , n°131, 2009.
- Emmanuel Gouabault et Claudine Burton-Jeangros, L’ambivalence des relations humain-animal : une analyse socio-anthropologique du monde contemporain, In Sociologie et sociétés , vol. 42, n°1, 2010.
- Rémi Clot-Goudard, Comment repenser l’animalité ? In IGITUR Arguments philosophiques , Université d’Aix-Marseille, 2021.
- L’homme est-il le seul animal moral ? Entretien avec Alain Prochiantz, publié dans Études n°12, 2019.
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 10/4/2022 le film de Tessa Joosse - Plastic and glass - (9' - 2009)
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