

Longtemps conçu comme un moment privé réduit à la sphère familiale, le vieillissement est devenu, au cours du 19ème et 20ème siècle, un objet social et politique.
Dès les années 1830, Paris a constitué un laboratoire de l’assistance aux vieillards indigents en leur garantissant gîte, couvert et soins rudimentaires. En dépit des rudes conditions de vie en hospice (dortoirs sans intimité, tâches obligatoires et discipline de fer), le nombre de personnes âgées accueillies a doublé entre 1851 et 1911. Mais l’accueil en hospice était aussi un moyen d’éviter le trouble à l’ordre public.
Plongée au cœur des archives de l’assistance publique au XIXème siècle à la Fondation Galignani, en compagnie de l’historienne Mathilde Rossigneux-Méheust. Une analyse qui révèle la place ambiguë que la France réserve depuis la révolution à ses aînés, entre rejet et bienveillance, protection et surveillance. Où comment la situation critique des Ehpad est un héritage de l’histoire.
Héritage révolutionnaire
Depuis la révolution, aider les personnes âgées, et en particulier les vieux travailleurs, a été posé par les révolutionnaires comme une dette sacrée et l'assistance aux personnes âgées est en théorie une des ambitions du régime républicain. Mathilde Rossigneux-Méheust
Etablissement sous surveillance
Les établissements comme Bicêtre ou la Salpêtrière sont les héritiers de l'hôpital général et ses conditions carcérales d'un autre temps. Le droit de sortie va progressivement devenir une des causes communes défendues par les politiques. À la fin du 19ème, il devient acquis que les résidents puissent aller et venir toujours sous contrôle. Il y a même encore une procédure dans les années 1900, où il y a des pièces d'identité propres à l'établissement qu'il faut montrer à l'entrée et à la sortie à la Salpêtrière, règlementation finalement abolie en1906 au prétexte qu'elle est trop stigmatisante. Mathilde Rossigneux-Méheust
La fin de l'hospice
Dans les années 50, il y a toute une réflexion médicale de la gériatrie. De plus en plus de chaires vont être ouvertes à l'université pour étudier les problèmes du vieillissement. Dans les années 70, l'opinion critique vraiment le modèle de l'hospice. Il n'est plus convenable. Il faut y mettre fin. Elsa Quétel
Avec
- Mathilde Rossigneux-Méheust, historienne
- Elsa Quétel, responsable des archives du Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP)
- Guillaume Normand, archiviste du Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP)
- Antoine Ermakoff, auteur d’une thèse d’histoire sur la mise en place du système de bienfaisance au XIXème siècle.
Et des extraits de Deux Hommes de bien : La Fondation des frères Galignani de Maxime du Camp, lus par Dominique Collignon.
Un documentaire de Jérôme Sandlarz, réalisé par Anne Fleury

Bibliographie
- Vies d’hospice - Vieillir et mourir en institution au XIXème siècle - Mathilde Rossigneux-Méheust (éd. La Chose Publique - Champ Vallon)
- La Vieillesse - Simone de Beauvoir (Ed. Folio)
- Du vieillard au retraité – La construction de la vieillesse dans la France du XXème siècle - Elise Feller (éd. L’Harmattan)
Liens
- Maurice Garden : Les hospices de vieillards : Du comité de mendicité à la loi d’assistance obligatoire (1790 – 1905) In : Le Vieillissement : Implications et conséquences de l'allongement de la vie humaine depuis le XVIIIe siècle, éd. Presses universitaires de Lyon, 1982.
- Mathilde Rossigneux-Méheust : « La communauté, c’est le pire de tout » ? Vieillir entre vieux à Paris au XIXe siècle », In Genèses, n°106, 2017.
- Le conseil général d'administration des hospices civils de Paris : Science d’administration des hôpitaux et médecine clinique (1801-1832). Thèse d’Antoine Ermakoff, soutenue en 2012.
- Négocier sa mort. Le combat des vieillards en institution à Paris au XIXe siècle : article de Mathilde Rossigneux-Méheust publié dans la Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2014/3 (n° 61-3)
- L'asile des vieillards de La Tronche 1894-2005 : article de Sylvie Bretagnon paru dans Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4, 2005.
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 19/10/20 le film de Grano Amaro de Cyril Berard et Samuel Picas (56min, 2020)
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