La clause de conscience devient-elle un réel frein dans l’accès à l’avortement ?
Dans une petite maternité de la région parisienne où le centre d’orthogénie a toujours été très actif, une partie de l’équipe fait appel à la clause de conscience pour ne pas pratiquer des avortements, ce qui indigne Véronique Séhier “Un des actes le plus grave pour la santé maternelle, le plus dangereux pour elle, au plan mondial, du fait des avortements clandestins, c'est l'avortement. Et les gynécologues obstétriciens estiment que ça ne fait pas partie de leur champ de compétence ! “ et justifie Anne Bourgain “A titre personnel, j'ai tellement un sentiment qu'être enceinte est une chance que, quand je suis en face d'une IVG, j'ai toujours un petit sentiment de frustration, parce je n'ai pas encore rempli mon désir complet de maternité.”
Qui est cette nouvelle génération de médecins pour qui l’avortement pose un cas de conscience ? C'est la première fois dans l'histoire de la maternité des Lilas. Comme nous l’explique Marie-Laure Brivale “En tant que directrice médicale, j'ai été stupéfaite de voir qu'en 2017-2018, des médecins de 35-40 ans, 1 médecin sur 2, que j'avais en entretien d'embauche, me répondaient : "Je ne fais pas d'avortement pour des raisons qui me sont propres et pose la clause de conscience". Malgré le droit d’avorter, lorsque aucune contre-indication ne s’oppose à la poursuite de la grossesse, l’interruption de cette dernière les voue à une mission qu’ils estiment ne pas être la leur. Une bataille qui a pu être réactualisée récemment par le refus de Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat des gynécologues, de réaliser des interruptions volontaires de grossesse (I.V.G) qu’il assimile à des "homicides".
De ce double mouvement naît un paradoxe : existence d’un droit et possibilité de ne pas l’appliquer dont s’indigne Véronique Séhier “Nous pensons que cette clause de conscience spécifique doit clairement être supprimée parce qu'aujourd'hui, c'est un frein. Ce qu'elle veut dire, c'est que ce n'est pas aux femmes de décider, que c'est le médecin qui peut autoriser ou ne pas autoriser l'avortement.”
Avec :
- Marie-Laure Brivale, Gynécologue obstétricienne, cheffe de service de la maternité des Lilas jusqu’à fin 2018
- Nathalie Bajos, Sociologue-démographe, chercheuse santé publique, directrice de recherche à l' Inserm, responsable de l'équipe genre santé sexuelle
- Véronique Séhier, co-présidente du Planning Familial
- Maud, infirmière
- Camille Froidevaux-Metterie, philosophe féministe, professeure de science politique et chargée de mission égalité-diversité à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
- Reda Si Salah, médecin au centre de Planning familial de la Maternité des Lilas
- Anne Bourgain, gynécologue obstétricienne, médecin cheffe de la Maternité des Lilas
- Corinne Pallais, psychologue de la Maternité des Lilas
- Ghada Hatem*,* gynécologue obstétricienne_,_ Maison des femmes de Saint-Denis
- Sylvia De Zordo, anthropologue et chercheuse responsable d'un projet de recherche européen financé par le ERC (Conseil européen de la recherche) dans le département d'anthropologie de l'Université de Barcelone.
Merci au Dr Zonga, aux femmes du planning familiale de Maison Alfort
Extrait des films Femmes d’Argentine (Que sea ley) de Juan Solanas et Roe V. Wade, La véritable histoire de l’avortement de Anne Sundberg et Ricki Stern.
Un documentaire de Johanna Bedeau, réalisé par Angélique Tibau
Ce documentaire a été diffusé pour la première fois le 10/3/20
Liens
Europe abortion access Project
Partenariat
LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk , la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 29/5/2022 le film de Dounia Wolteche-Bovet - Les herbes folles - (70'-2019)
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