

Pour certains, les lépreux et les juifs étaient des semeurs de peste, des empoisonneurs ou des pécheurs responsables de la colère divine qui a déclenché la peste. Mais cette croyance explique, seulement en partie, les massacres antisémites qui ont été perpétrés pendant l’épidémie.
La peste a causé tant de morts qu’elle a pu être perçue comme un châtiment divin, un châtiment qui a poussé pas mal de monde à trouver des boucs émissaires dont les péchés auraient provoqué cette colère . Comme nous l’explique Claire Descomps “On cherche à nuire aux juifs et à les faire expulser. Et donc, on va inventer toutes sortes d'arguments plus farfelus les uns que les autres. On a régulièrement des accusations de crimes rituels ou de profanation d'hosties. C’est lié à tous les troubles qui vont accompagner la peste et sachant que les Juifs vont servir de boucs émissaires, on a beaucoup de rumeurs, notamment celle qui va accuser les Juifs d'empoisonner les puits pour tuer tous les chrétiens, comme s’il y avait et un véritable complot qui serait donc ourdi par les juifs avec la complicité des lépreux.”
Or on sait que les lépreux et les juifs ont été persécutés, chassés ou tués au cours des épidémies de peste. A Colmar et à Erfurt on a retrouvé dans les murs des maisons des trésors cachés par des familles qui ne fuyaient pas la peste mais les persécutions et pensaient pouvoir revenir.
Mais est-ce que c’est vraiment parce qu’on les pensait responsables de la peste que l’on a persécuté les juifs ? Est-ce que ce n’est pas un prétexte pour laisser libre cours à un antisémitisme ancien et pour récupérer leurs biens ? Est-ce que ce n’était pas politique ? Pour Claire Descomps “Il y a des motifs essentiellement économiques qui sont liés à la fois à la jalousie et à la concurrence. Au 14ème siècle, les Juifs exercent essentiellement des métiers liés au prêt de l'argent, qui a donc été interdit aux chrétiens, et c'est un métier qui est par essence impopulaire. Et beaucoup espèrent, en tuant les juifs, éteindre en même temps leurs dettes.”
Un documentaire de Perrine Kervran, réalisé par Anne Perez.
Avec :
Claire Decomps , responsable de la conservation du musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Catherine Vincent, historienne, professeur d'Histoire du Moyen Âge Membre senior de l'Institut universitaire de France
Paul Salmona, directeur du musée d’art et d’histoire du Judaïsme
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