Ou comment les parcs d’attractions modèlent nos villes
Architecture et utopie, on pourrait penser à une forme de tautologie.
Car l'Utopie, dans la fiction politique écrite par Thomas More en 1516 et dont découle le néologisme, c'est bien un lieu et son modelage, mieux encore, la création d'une île que l'on coupe du monde, comme s'il n'y avait pas de rupture avec l'ordre établi qui ne soit d'abord acté par une rupture spatiale.
Cela va presque sans dire donc, l'utopie, projection imaginaire d'une société idéale, c'est souvent, toujours, une question de lieu et une question d'architecture. Lieux réinventés, régénérés et dont la structure spatiale est censée être l'incarnation du projet politique.
De là, on comprendra il n'y ait qu'un pas, souvent allègrement franchi, pour que l'architecture ne devienne utopiste et ne s’invente une capacité à infléchir, par sa seule puissance, les rapports sociaux et, tout simplement réinventer la vie en réinventant les villes et les lieux. Ici donc, nous nous amuserons donc à voyager en architecture mais surtout en utopie, pour en explorer les liens féconds, inspirants et parfois pervers.
4 propositions utopiques contemporaines, 4 explorations utopiques de l'architecture.
Episode 1 : La ville féérique
A l'origine de ce documentaire, ce constat : les villes pastichent, copient, reproduisent. Du faux ancien, du néo tradi, du néo haussmanien, du néo art déco. Et elles encerclent, elles hissent des murs, des barrières pour vivre entre soi, délimiter, se distinguer, échapper à la grande ville tentaculaire, créer des enclaves.
Alors nous avons voulu faire une petite généalogie toute simple. Se souvenir des premières expositions universelles où l'on reproduisait des villes entières, des rues en toile, en bois et en stuc. Se souvenir des premiers Luna Park, à New York, dont les promoteurs allaient quelques années plus tard, inventer la skyline de Manhattan et espérer enchanter la ville comme ils avaient enchanté Coney Island. Se rendre à Disney land et décortiquer l'architecture savante d'un parc à thème et ses relations avec l'urbanisme qui l'entoure. Ouvrir les yeux sur ces décors de théâtre que deviennent nos villes, un désir de féérie et de cartons pâte qui serait une réponse implacable et enchanteresse aux errements du modernisme des 30 glorieuses.
Avec l’exposition universelle de 1900, on sort d’un XIXe siècle qui est le triomphe de la technique et on entre dans un nouveau siècle qui sera le siècle de la consommation de masse. Christophe Léribault
Toutes ces attractions de Coney Island sont une sorte de reproduction artificielle du monde, de plus en plus délirante, dont Manhattan va ensuite se saisir pour les exagérer à son tour dans son urbanisme. Françoise Fromonot
Tout le parc Disneyland est la construction en dur d’un fantasme collectif. Pierre Chabard
Le testament intellectuel de Walt Disney, EPCOT, Experimental Prototype Community Of Tomorrow, est un projet urbain élaboré à l’intérieur des studios Disney. Pierre Chabard
avec Christophe Léribault, directeur du Petit Palais, Françoise Fromonot et Pierre Chabard, professeurs et critiques d’architecture, Walt Disney et Jean Rouch.
Une série documentaire de Camille Juza, réalisée par Guillaume Baldy
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Bibliographie
Delirious New York - Rem Koolhaas . éd. Oxford University Press
Utopiques : Jeux d’espaces - Louis Marin. éd. Les éditions de Minuit
L'île de béton - James Graham Ballard. éd. Calmann-Lévy
Simulacres et simulation - Jean Baudrillard. éd. Galilée
Liens
Exposition Dreamlands au Centre Pompidou
La Défense Parc d'attractions du travail
En partenariat
Cette semaine, LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner pendant deux semaines le film de Dominique Cabrera, intitulé Chronique d’une banlieue ordinaire, dont voici un résumé :
Le 26 septembre 1992, quatre tours du quartier du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie, ont été détruites. Au printemps 1991, Dominique Cabrera avait proposé à certains des anciens habitants de revenir sur leurs pas. Ils parcourent leurs anciens logements en évoquant les souvenirs des années passées. Toute la vie de la cité HLM ressurgit, conviviale, et pour tout dire, heureuse.
L'avis de Tënk
En ouverture du film, quelques images d'archives témoignent pour le Val-Fourré d'un enthousiasme publicitaire bien déroutant au regard de ces tours HLM vouées à la destruction 25 ans seulement après leur construction. C'est bien la marque de l'échec patent de tentatives d'urbanisation dont ont souffert tant de banlieues françaises et il ne serait pas aberrant de pointer la responsabilité des promoteurs et des politiques publiques. Mais là n'est pas le propos de Dominique Cabrera qui dans cette "Chronique d'une banlieue ordinaire" s'emploie avant tout à montrer ce que les tours ont accueilli d'humanité. Les paroles et la mémoire qu'elle rassemble sont d'autant plus touchantes qu'elles sont simples, intimes et filmées avec beaucoup de délicatesse
L'équipe
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