Épisode 2/8 : Le Folk, instrument de la contre culture

Notre démarche s’inscrivait dans une recherche de ruralité rêvée, sauf qu’elle existait. Jean Blanchard

Le début des années 70 voit naître l'émergence d'un folk "à la française". Avec leur message de retour à une expression populaire, simple, authentique, loin des artifices des médias de masse, des groupes de passionnés rebattent les cartes et propulsent les répertoires de l’ancienne civilisation rurale dans le futur. D'une grande ampleur, ce mouvement regroupait des centaines de formations musicales, un réseau de festivals et de folk clubs disséminés sur le territoire, des dizaines de labels et de productions discographiques. 

On propose une façon de jouer, d’être artiste et on s’appuie sur d’autres références, les cultures populaires et culture rurale, les gens qui font danser, les gens qui chantent des chansons au veillée, c’était transgressive comme geste. Jean-François Vrod

Les récits de l'origine de ce mouvement se racontent sur le mode de l’épopée. Imbibés de références anglo-américaines et des idéaux de 68, de jeunes musiciens en "pattes d’eph" cèdent aux invitations du folk-singer, Pete Seeger, à s’intéresser au folklore de leur propre pays, pour créer. Ils se jettent sur les chemins pour aller à la rencontre des papis et mamies corréziens, berrichons, bretons, avec qui ils tissent de profondes relations artistiques et humaines. Ils entreprennent un vaste travail de collecte de traditions orales et d'instruments. 

La règle à l’époque, c’était le multi-instrumentisme, c’était quasiment obligé.  Jean Blanchard

Avec eux, violons, vieilles à roue, cornemuses reprennent du service, se remettent à sonner, s'électrifient, s'harmonisent et progressivement se frottent à la scène. Malgré les contradictions, les fondements d'une nouvelle utopie musicale sont posés. 

Dans les années 60, on était dans un enthousiasme approximatif [...] On pourrait rapprocher ça de la démarche punk. Les premiers groupes punk ne savaient pas jouer et le revendiquaient, nous on ne le revendiquait pas ! Jean Blanchard 

Avec : 

• Jean-François Vrod, musicien, membre du trio La Soustraction des Fleurs
• Catherine Perrier, chanteuse, pédagogue
• Jean Blanchard, musicien, pédagogue
• Patrick Vaillant, musicien, directeur de Mandopolis
• Charles Quimbert, chanteur, directeur de Bretagne Culture Diversité 

Un documentaire de Péroline Barbet, réalisé par Nathalie Battus

Liens

« Les rapports entre la direction de la musique et les associations de musiques et danses traditionnelles : un processus de légitimation inabouti (années 1970 – années 1990) », François Gasnault 

Hootenanny au Centre américain, L’invention de la scène ouverte à la française (1963-1975), François Gasnault

Fédérations des acteurs et actrices des musiques et danses traditionnelles 

Ethnomusicologie : archives du paysage sonore français.  L'anthropologue Marie-Barbara Le Gonidec et l'historien François Gasnault évoquent les enjeux et l’histoire des enquêtes ethnomusicologiques menées en France au vingtième siècle, sur le site de l’Université PSL.

François Gasnault & Marie-Barbara Le Gonidec : Enquêter en tandem sur les pratiques musicales de la France rurale pour le Musée des arts et traditions populaires : variation ou conjuration du collectif ? Article paru dans la revue en ligne, Ethnographiques.org (n°32, sept. 2016).

Le « tournant » des années 1980 en « Ethnomusicologie de la France ». Article de Jacques Cheyronnaud publié dans la revue Transposition, musique et sciences sociales (HS N°1, 2018).

Le mouvement folk en France (1964-1981) : extrait du Mémoire de Maîtrise  d’Histoire culturelle contemporaine de Valérie Rouvière. (2002) 

Sur le site du patrimoine oral de Bourgogne, on voit voir un entretien vidéo avec Henri Boudot, maire de Molphey, raconte son Morvan, joue de la vielle, chante.

Partenariat

Cette semaine, LSD, La série documentaire est en partenariat avec Tënk, la plateforme du documentaire d’auteur, qui vous permet de visionner jusqu'au 24/06/19 le film **"Plastico"**de Sissel Morell Dargis (27 min, 2018)