Le TPIY, un tribunal en temps de guerre : épisode 3/4 du podcast Yougoslavie, la guerre au cœur de l’Europe ou le réveil des nationalismes

Slobodan Milosevic dans la salle d'audience du TPIY pour les crimes de guerre à La Haye le 03 juillet 2001 pour sa première comparution devant le corps.
Slobodan Milosevic dans la salle d'audience du TPIY pour les crimes de guerre à La Haye le 03 juillet 2001 pour sa première comparution devant le corps. ©AFP - LAMPEN / REUTERS POOL /
Slobodan Milosevic dans la salle d'audience du TPIY pour les crimes de guerre à La Haye le 03 juillet 2001 pour sa première comparution devant le corps. ©AFP - LAMPEN / REUTERS POOL /
Slobodan Milosevic dans la salle d'audience du TPIY pour les crimes de guerre à La Haye le 03 juillet 2001 pour sa première comparution devant le corps. ©AFP - LAMPEN / REUTERS POOL /
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Un bilan mitigé ? Depuis sa création en 1993, jusqu'à sa dissolution en 2017, les critiques envers le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie ont toujours existé. Pour beaucoup, il n’a pas atteint tous ses objectifs, quel héritage laisse alors le TPIY ?

En mai 93, Les récits de massacre, de viols, de torture commis dans des camps de détention mais aussi les centaines de milliers de personnes déplacées poussent le conseil de sécurité de l’ONU à adopter la résolution 827 portant création du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. 

Premier tribunal de guerre créé par les Nations unies, il a  pour but de juger les responsables des crimes dans l’espoir, hypothétique, de mettre ainsi fin à la violence. Toutefois, deux ans plus tard, en juillet 95, l’armée de la république serbe de Bosnie, dirigée par le général Mladic,  exécute plus de 7000 hommes à Srebrenica, pourtant déclarée « zone de sécurité » sous la responsabilité de 400 casques bleus néerlandais. Ni la Forpronu ni le TPIY (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) ne parviennent à mettre un terme au nettoyage ethnique durant la guerre de Bosnie. 

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Stéphanie Maupas, journaliste, envoyée permanente à la Haye rappelle la complexité de la mise en place du TPIY : “ C'est un tribunal qui commence par travailler dans une période de guerre et c'est une situation qui était assez compliquée pour les juges parce qu'en fait, ils se trouvaient dans une situation où les crimes sur lesquels ils devaient se pencher, les crimes dont ils devaient juger les auteurs étaient encore en cours, ils pouvaient voir dans les journaux, à la télévision que ces crimes se poursuivaient “.

Une guerre qui voit le viol être utilisé comme une arme à part entière comme l’explique Laurence Jourdan, réalisatrice de documentaires : “ Le viol a été utilisé stratégiquement comme arme de guerre dans le cadre de la guerre de Yougoslavie et tout spécifiquement en Bosnie. Ça s'inscrivait dans le cadre de l'épuration ethnique que les Serbes avaient décidé de faire et en fait, le but était très clair, c'était de faire éclater les communautés, de jeter le discrédit et d'annihiler complètement les communautés bosniaques “

Les chiffres des viols commis sont terribles comme elle le rappelle : “ Ce qui a été avéré, c'est qu’il y a plus de 20 000 femmes bosniaques qui ont été victimes de viols pendant le conflit de l'ex-Yougoslavie en Bosnie“. Elle souligne en ce sens l’avancé qu’a permis le TPI : “ L'inscription par le TPI, dès sa création en 1993, du viol comme crime de guerre et de l'esclavage sexuel comme crime contre l'humanité, c'était considérable “.

Un Tribunal qui dès sa création a connu des opposants à commencer par les accusés à sa barre. On pourra ainsi y entendre Slobodan Milosevic déclarer : “ Je considère que ce tribunal est factice et l'acte d'accusation erroné. Non, je n'ai pas besoin d'être représenté par un avocat devant un organe illégal “. Une position suivie par le général Mladic : “ Le tribunal de La Haye, je ne le reconnais pas, c’est une création de l'OTAN et non une cour de justice. C'est un tribunal satanique qui nous juge parce que nous sommes Serbes et défendons notre peuple contre vous. “

Un documentaire de Kristel le Pollotec, réalisé par Somany  Na.

Avec :

Stéphanie Maupas, journaliste, envoyée permanente à la Haye,  

Jean-René Ruez,  commissaire de police et ancien enquêteur pour le TPIY, 

Jean Hatzfeld, journaliste pour Libération durant la guerre de Bosnie,  

Laurence Jourdan, réalisatrice de documentaires, 

Vladimir Perisic, réalisateur,  

Jean-Arnault Derens, historien et journaliste.

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