

Des mythes résonnent comme des injonctions au silence pour les minorités : le violeur noir ou arabe, l’homosexuel-pédophile, la lesbienne qui regrette, la conjointe et la prostituée forcément consentantes, la femme handicapée forcément reconnaissante... À elles de dire “moi aussi”.
En octobre 2017, en 24h, plus de 2 millions de femmes témoignent en ligne des violences sexuelles qu’elles ont subi. Leurs récits sont réunis par un “mot-dièse”, #Metoo. L’onde de choc est mondiale. Depuis, d’autres vagues ont déferlé : #Metoo dans le sport, dans la musique, la cuisine… Mais Mathilde Forget précise "Ce n'est pas la parole qui se libère. C'est l'écoute qui est en train d'évoluer, d'être interrogée et interpellée. Il faut continuer. Elle est exigeante, cette écoute. Elle est fuyante, mais il faut l'entraîner".
Les minorités sexuelles et racisées et les victimes d’inceste et/ou de violences dans l’enfance, sont proportionnellement surreprésentées parmi les victimes de violences à caractère sexuel. Les écouter, c’est comprendre les rouages d’un système où le viol n’est pas affaire de sexe ou de sexualité, mais de pouvoir. Matthieu Foucher constate que “Dans beaucoup de cas, la famille choisit la famille plutôt que de protéger la personne qui a été victime de ces violences”
Anne Tonglet, l’une des plaignantes - défendue par Gisèle Halimi - lors du “procès du viol”, violée en réunion avec sa compagne à Marseille, témoigne encore pour nous. Elle a ouvert la voie, elle passe dans cet épisode le relais à d’autres minorités, jusque-là silenciées.
Avec
- Mathilde Forget, auteure et compositrice
- Axelle Jah Njiké, autrice
- Anne Tonglet, victime d'un viol collectif
- Sharone Omankoy, militante et fondatrice du collectif Mwasi
- Bertoulle Beaurebec, artiste-performeuse
- Beverly Ruby, travailleuse du sexe
- Charlotte Puiseux, psychologue clinicienne
- Juliet Drouar, militant.e féministe
- François Devaux, président de l'association La Parole Libérée
- Matthieu Foucher, journaliste et réalisateur
Un documentaire de Clémence Allezard, réalisé par Séverine Cassar
Musique de fin : Possession - Kompromat
Bibliographie
- Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage - Maya Angelou (éd. Hachette)
- L’oeil le plus bleu - Toni Morrison (éd. 10/18)
- Le berceau des dominations- Dorothée Dussy (éd. La Discussion)
- Balance ton corps, Manifeste pour le droit des femmes à disposer de leur corps - Bertoulle Beaurebec (éd. La Musardine)
- Notre corps nous-mêmes - collectif (éd. Hors d’atteinte)
- Les subalternes peuvent-elles parler ? - Gayatri Chakravorty Spivak (éd. Amsterdam)
- À la demande d'un tiers - Mathilde Forget (éd. Grasset)
- Les orageuses - Marcia Burnier (éd. Cambourakis)
- King Kong théorie - Virginie Despentes (éd. Grasset)
- Le berceau des dominations - Anthropologie de l’inceste, livre 1 - Dorothée Dussy (éd. La Discussion)
Liens
- Pratique du pouvoir et idée de nature, l’appropriation des femmes - Colette Guillaumin (Questions féministes numéro 2 “Les corps appropriés”, février 1978)
- “Quelles politiques sexuelles pour les femmes noires” Patricia Hill Collins sur le site de cairn.info
- “La fille sur le canapé” série de podcasts d’Axelle Jah Njiké pour Nouvelles Écoutes
- Les Dévalideuses, collectif handiféministe
- À la recherche d’un #Metoo gay, enquête de Matthieu Foucher sur le site de VICE France
- La culture de l’inceste, article de Juliet Drouar
- Le blog de Mrs Roots
- “Qu’est ce que Me Too a changé” - Valerie Rey Robert
- Maïc Batmane “les oublié·es de me too”
- La culture du viol, c’est quoi ? Eléments de réponse avec le magazine d’Arte, Kreatur (2019).
- Fabrice Virgili : Viol (Histoire du). In Michela Marzano_, Dictionnaire de la violence_, PUF, 2011.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration