Pourquoi n’aimons-nous pas les gros ? Pourquoi la grossophobie est-elle l’une des discriminations les mieux acceptées socialement ?
Si je te dis que tu es gros et que c’est dégueulasse, c’est vraiment pour que tu aies un déclic, et si je te dis ça, c’est pour ton bien ! Gabrielle Deydier
Dans le milieu de la cour, dans le milieu du courtisanat, il faut que les femmes soient relativement légères. Catherine de Médicis était critiquée lorsqu'elle grossissait. Georges Vigarello
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J’ai entendu plusieurs fois autour de moi, dans un milieu professionnel plutôt progressiste et cultivé des remarques grossophobes. "Moi, je n’aime pas les gros. Ils me mettent mal à l’aise, je n’ai pas envie de travailler avec eux".
Un jour mon copain m’a dit : "tu te rappelles il y a deux ans, mes copains me disaient que tu étais bonne". Pourtant je faisais 80 kg pour 1m70, j’étais en léger surpoids, juste dans la moyenne nationale. Axèle
Pourquoi n’aimons-nous pas les gros ? Pourquoi la grossophobie est-elle l’une des discriminations les mieux acceptées socialement ? Qu’est-ce que cela dit de nous ? Est-il plus difficile d’être gros aujourd’hui que cela ne le fut dans le passé. La réponse de l’historien George Vigarello bouleverse mes idées reçues sur la question. Je rencontre aussi le sociologue Jean François Amadieu, qui travaille depuis 25 ans sur les discriminations physiques. Je m’entretiens enfin avec Catherine Grangeard, psychanalyste spécialiste des gros, qui livre de précieuses clés d’interprétation sur les histoires entendues sur son divan. Tout au long du documentaire, je rencontre bien sûr des personnes grosses qui racontent leur parcours au quotidien et je tente enfin de m’interroger ma propre grossophobie.
On n'aime pas les gros donc on regarde ceux qui le sont avec rejet. Ils représentent quelque chose qu’on ne voudrait surtout pas devenir. Quand on est gros, on est quelqu’un qui échoue à se maintenir en forme, mince et désirable. Catherine Grangeard
Avec :
- Georges Vigarello, historien
- Catherine Grangeard, psychanalyste
- Gabrielle Deydier, documentariste et auteure
- Enzo Poultreniez, porte-parole associatif
- Axelle, professeure des écoles
Une série de Rémi Dybowski Douat, réalisée par Véronique Samouiloff
Liens
Le blog de Catherine Grangeard, psychanalyste et spécialiste notamment de l'obésité
Pierre Bourdieu : Remarques provisoires sur la perception sociale du corps. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 14, avril 1977.
La symbolique du gros, étudiée par le sociologue et spécialiste de l’alimentation, Claude Fischler dans la revue Communications, n° 46, 1987.
Il y a une stigmatisation plus grave des obèses dans nos sociétés. Entretien avec Georges Vigarello à propos de son livre, Les métamorphoses du gras (Le Seuil, 2010).
Pourquoi la grossophobie est encore si présente en 2019 ? question posée par la psychanalyste Catherine Grangeard dans le Huffington Post en ligne.
Le poids des corps : un numéro spécial des Actes de la recherche en sciences sociales, n°208, 2015.
Bibliographie
Obésités : Le poids des mots, les maux du poids. Catherine Grangeard. Calmann Lévy, Paris. Février 2007
Comprendre l’obésité. Une question de personne, un problème de société. Catherine Grangeard. Albin Michel, Paris. Avril 2012
La femme qui voit de l’autre côté du miroir, roman co-écrit avec Daphnée Leportois, Eyrolles, Paris. Juin 2018
Les métamorphoses du gras. Histoire de l'obésité. George Vigarello. Editions Seuil. 2010
On ne naît pas grosse. Gabrielle Deydier. Mai 2017. Editions Goutte d'or
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