

"Nous avons l’impression d’emmerder les Français avec notre histoire..." Jacqueline Jacqueray, présidente du Comité International des Peuples Noirs. Malgré la politique de l'assimilation, le traumatisme de l'esclavage perdure.
Le 23 mai 1998, 40 000 Martiniquais, Guadeloupéens, Africains, Guyanais et Réunionnais défilaient de la République à la Nation. Une date qui ouvrait, 150 ans après le décret d'abolition de Victor Schoelcher, un début de prise de conscience en France. Au même moment, Lionel Jospin prononçait son fameux "Tous nés en 1848", qui jetait le trouble au sein d'une communauté antillaise meurtrie par des décennies de silence...
Il faudra attendre 2001 pour que la traite négrière soit reconnue comme un crime contre l'humanité (loi Taubira) et 2006 pour qu'une journée commémorative (le 10 mai) voit le jour... Mais face à l'étendue du crime, les stèles et les journées du souvenir ne suffisent pas...
Origines de la méconnaissance de l'esclavage
Il y a une méconnaissance totale de l’esclavage aujourd’hui, parce que dès l’abolition, on a mis en place un mécanisme de l’oubli. Ce qui prend le relais entre 1848 et 1946, c’est le thème de l’assimilation. C’est-à-dire nous sommes français depuis 300 ans. René Bélénus
La marche de 1998
Pendant la grande marche de 1998, le mot d’ordre était : penser à nos parents qui ont vécu le martyre de l’esclavage colonial. Nous avons fait cette marche silencieuse et nous étions 40 000. Emmanuel Gordien
Descendants d'africains déportés
Lorsque vous dites à quelqu’un qu’il est esclave, vous lui supprimez sa généalogie et son histoire. Nous ne sommes pas des descendants d’esclaves, nous sommes des descendants d’africains réduits en esclavage et qui ont été déportés et ça c’est fondamental, ça change tout. Jacqueline Jacqueray
Les séquelles, tant du côté des descendants d'esclaves qu'au sein de la société antillaise, sont toujours bien vivaces...
Avec :
- André Lucrèce, écrivain, Martinique
- Jacqueline Jacqueray, présidente du Comité International des Peuples Noirs, Guadeloupe
- Raymond Boutin, historien, Guadeloupe
- Frédéric Régent, historien, Guadeloupe
- Stéphanie Mulot, anthropologue, Guadeloupe
- Priscilla, étudiante, Fort-de-France
- Faniwa, militante du Comité International du Peuple Noir, Martinique
- Emmanuel Gordien, président du Comité Marche 98, Paris
- Dominique Rogers, historienne, Martinique
- Jacques Martial, président du Mémorial ACTe, Pointe-à-Pitre
- Evelyne Pauline, descendante d'esclave, Guadeloupe.
Lecture du procès de la Mahaudière (BNF) et de l'ouvrage : Voix d'esclaves, Antilles, Guyane et Louisiane françaises, XVIIIe-XIXe sous la direction de Dominique Rogers, éd. Khatala : Yasmine Modestine, Mexianu Medenou et Antoine Lachand
Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Diphy Mariani
Bibliographie
- L'esclavage du souvenir à la mémoire, Christine Chivallon, éd. Karthala
- Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon, collection Points, éd. du Seuil
- Voix d'esclaves, sous la direction de Dominique Rogers, éd. Karthala
- La Guadeloupe, collectif, Cahiers des anneaux de la mémoire n°18, éd. Karthala
Avec la collaboration d'Annelise Signoret
Liens
L’esclavage atlantique et son abolition : plus qu’un simple enjeu de mémoire, un enjeu contemporain de luttes. Tribune de João Gabriell publiée sur le site Critique panafricaine le 10 mai 2017.
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