L’Histoire de Daniel Cohn-Bendit

"Le football c'est sérieux. Quand le ballon roule, il y a une nouvelle ébullition de société." Daniel Cohn-Bendit
"Le football c'est sérieux. Quand le ballon roule, il y a une nouvelle ébullition de société." Daniel Cohn-Bendit  ©AFP - GABRIEL BOUYS / AFP
"Le football c'est sérieux. Quand le ballon roule, il y a une nouvelle ébullition de société." Daniel Cohn-Bendit ©AFP - GABRIEL BOUYS / AFP
"Le football c'est sérieux. Quand le ballon roule, il y a une nouvelle ébullition de société." Daniel Cohn-Bendit ©AFP - GABRIEL BOUYS / AFP
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Frédéric Worms s'entretient avec Daniel Cohn-Bendit, journaliste et homme politique franco-allemand, ancien député européen, ancien co-président du groupe des Verts/Alliance Libre Européenne (ALE) au Parlement européen.

Avec

Rediffusion de l'émission du 23/04/2018

La question que l’on voulait poser à Daniel Cohn-Bendit, c’est celle de l’Histoire, de sa vision de l’Histoire. Est-elle seulement une succession d’événements ? Et entre Mai 68, l’Europe, Macron, le foot, quels rapports ? Qu’est-ce qui relie tout cela, et qu'en est-il de son passage à lui, dans tout cela ? On sent qu’il y a un lien, pour lui, qui peut redonner un sens, pour nous. Lequel ? Disons que cela a à voir avec la liberté, que l’avenir est ouvert à ceux qui refusent de fermer le jeu, et de se soumettre aux mots d’ordre. Le meneur de jeu ne l’est décidément pas par hasard. C’est celui qui a, plus que les autres, le "sens de l’ouverture". 

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Daniel Cohn-Bendit : Aujourd'hui, on n'arrête pas de se gargariser avec les 50 ans de Mai 68, mais il faut quand même dire qu'il y a 50 ans, la conscience de la dégradation climatique, la question de la responsabilité écologique, ça n'existait pas dans la tête des gens. Moi même, à l'époque j'étais pro-nucléaire civil ! Aujourd'hui le niveau de réflexion sur notre responsabilité face à l'évolution du monde productiviste est beaucoup plus élevé.

Mai 68 est la démonstration que la révolution n'existe plus. Mai 68 c'est une révolte contre l'autoritarisme à tous les niveaux : l'autorité de la famille, l'autorité à l'école, l'autorité dans les entreprises, et pas simplement des étudiants. C'était une émancipation collective des individus contre une conception de l'organisation de la société. Cette révolte anti-autoritaire a fissuré notre société. Mais ceux qui croyaient que c'était une répétition générale pour une révolution à venir, c'était d'une bêtise incroyable. Parce que les révoltes font évoluer la société et permettent des réformes. Cela dit, je trouve le débat sur Mai 68 très pauvre. J'aimerais bien confronter Emmanuel Macron à l'idée de l'autogestion par exemple.

#Castoriadis #Edgar Morin #Claude Lefort

Une partie de la France conservatrice a été tétanisée par Mai 68. Et depuis le débat est irrationnel. Franchement, un jeune môme de banlieue qui ne reconnaît pas l'autorité de son prof dans son lycée, vous croyez que c'est la faute de Cohn-Bendit et de 68 ? Les conservateurs de tout poil croient en parlant de 68 agiter un signifiant qui mobiliserait un imaginaire positif ou négatif. Mais on n'arrive à rien avec ça : les conservateurs gauchistes continuent de rêver de la révolution en vain, et les réactionnaires essaient de formuler l'angoisse contemporaine en disant "on va enfin couper la tête à 68". Ce rêve de la réaction en France, qui veut à son tour couper des têtes, est tout aussi ridicule que le combat de Sancho Pança.

#Sarkozy2007 #Zemmour #Finkielkraut #Polony

Il faut préserver l'émotion liée à la dimension existentielle de l'Europe. L'existentiel c'est comment voulons-nous vivre, qu'est-ce qui va nous permettre de rendre possible ce dont nous rêvons ? Et l'Europe est cet espace qui nous permet de rêver tandis que l'espace national est l'espace qui nous angoisse, parce qu'on est de plus en plus petits. L'Europe nous dépasse, et par conséquent nous rend plus grands, plus capables d'affronter des choses de plus en plus dangereuses, et en même temps d'ouvrir le champ des possibles.

#Europe existentielle

Je crois qu'il y a un football de gauche et un football de droite. Le football de gauche dit "on gagne en marquant plus de buts". Le football de droite, c'est dire "on gagne si on n'encaisse pas de but".

#Cesar Luis Menotti #Socrates #Raymond Kopa

Le choix musical de Daniel Cohn-Bendit est une chanson de Bob Dylan, Subterranean Homesick Blues.

L'Invité idées de la Matinale
26 min