Le cerveau est vivant

Le cerveau, un outil vivant.
Le cerveau, un outil vivant. ©Getty - Gary Waters
Le cerveau, un outil vivant. ©Getty - Gary Waters
Le cerveau, un outil vivant. ©Getty - Gary Waters
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Frédéric Worms s'entretient avec François Ansermet, professeur de pédopsychiatrie à l'Université de Genève, directeur du département universitaire de psychiatrie, chef du service de psychiatrie d'enfants et d'adolescents aux Hôpitaux universitaires de Genève et psychanalyste.

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Cela pourrait paraître une évidence, mais disons-le tout de même : le cerveau est vivant. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Pour François Ansermet, pédopsychiatre et psychanalyste, qui a beaucoup travaillé avec des neuroscientifiques, il s'agit de choses simples et profondes : rappeler que le cerveau a une histoire, qu'il garde les traces de ce qui nous arrive, et que celles-ci peuvent se figer et devenir mortifères comme elles peuvent être remises dans le temps et transformées. Dans tous les cas, elles donnent naissance à une vie et une histoire singulières. Bref, le cerveau est avant tout le cerveau de quelqu’un, il est dans un corps qui lui-même est dans un monde. Exposé au réel, il doit inventer un sens pour y faire face. Il est à la fois créateur et éclairé par la création, en particulier artistique. Mais il est aussi fragile et doit faire l’objet de soins : médicaux, psychiques... mais aussi politiques. Ainsi, dire que le cerveau est vivant, c’est tenter de faire disparaître les fausses oppositions pour unir tous les savoirs et les soins des humains.

François Ansermet : "On est des individus tous différents, tous uniques. L'inconscient a-t-il vraiment des frontières ? Pourquoi je suis moi et pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi ici et pas ailleurs ? La contingence surgit. 

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On peut se dire qu'on tombe dans le monde dans un inachèvement du vivant et d'un projet qui n'a pas encore commencé à émerger, et on est submergés par les projets des autres, notamment les parents. Comment donner un sens à ce non sens du vivant ? C'est un travail de toute la vie. 

Le petit d'homme, quand il arrive dans le monde inachevé, est dans un état de détresse du nourrisson. Il y a une sorte de catastrophe climatique interne dans le fait de venir au monde. 

Au commencement est l'inachèvement, c'est pour ça qu'il y a un commencement. 

Art, psychanalyse et sciences sont trois modes différents du réel, trois incidences sur le réel. C'est trois abords de quelque chose qui nous dépasse, trois abords de l'impossible. Le traitement de l'impossible par la musique c'est l'introduction d'un chaos salvateur. Le travail créatif c'est le travail du sujet qui est l'inventeur, le créateur de son propre devenir. 

Le choix musical de François Ansermet est un fragment de l'opéra "Passion" de Pascal Dusapin. 

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