Objectif Terre !

La Terre vue depuis la station spatiale internationale, 22 avril 2017
La Terre vue depuis la station spatiale internationale, 22 avril 2017 ©AFP - Handout / NASA TV / AFP
La Terre vue depuis la station spatiale internationale, 22 avril 2017 ©AFP - Handout / NASA TV / AFP
La Terre vue depuis la station spatiale internationale, 22 avril 2017 ©AFP - Handout / NASA TV / AFP
Publicité

Frédéric Worms s'entretient avec le philosophe Bruno Latour.

Avec

L’histoire n’est pas finie mais sa direction ou son horizon ont changé. Tel est le diagnostic de Bruno Latour. Plus précisément, l’horizon de l’histoire est redevenu ou revenu sur la Terre. Nous ne l’avions jamais quittée vraiment, ni pour le ciel des idées, ni pour l’avenir supposé radieux de la modernité. Mais si la Terre est redevenue notre horizon, ce n’est pas n’importe quelle Terre. Face à ceux qui cherchent à nous replier sur un terroir ou un territoire, alternative redoutable au cosmopolitisme, à la science et aux relations entre les vivants, Bruno Latour affirme que notre horizon c’est la Terre réelle, épaisse - Gaïa est parfois son nom - ouverte, partagée. Et lorsqu'à la fin de son livre, il s'exprime à la première personne, c’est l’Europe qu’il évoque. 

Bruno Latour : "Atterrir mais où ? Sur quel territoire ? A quoi ressemble le terrestre ? Ce que j'appelle le pôle terrestre, ce n'est ni l'horizon de la globalisation ni le retour à des nations dont les frontières ne nous permettent pas de résoudre les questions politiques qui nous intéressent, comme on le voit avec la question climatique. Il ne s'agit ni de revenir à l'Angleterre de l'Empire ni à la France du Front national.  Il nous faut opérer une sorte de virage sur l'aile. Cette question de la redescription du territoire auquel on appartient, c'est cela qui refera de la politique."

Publicité

"Le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat est une déclaration de guerre. Donald Trump nous dit "Mon CO2 va vous envahir". On est dans une situation de guerre. Trump c'est l'anti-terrestre par excellence : il associe le déni de la situation climatique et le creusement des inégalités."

On ne "modernisera" pas la planète. On ne peut pas continuer à maintenir cette idée de modernisation , d'autant que les deux inventeurs de la modernité, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne nous ont quittés."

On est dans une période qui n'a d'équivalent que la Renaissance comme découvertes de nouveaux mondes, au sens scientifique, artistique, et aussi politique. C'est à la fois tragique et passionnant : on est dans un moment absolument essentiel de l'histoire philosophique.

#anthropocène #Zone Critique (ZC) #Gaïa #Europe #territoire #enracinement #James Lovelock #Alfred North Whitehead

Le choix musical de Bruno Latour est la Sicilienne, extrait de l'opéra-ballet de Jean-Féry Rebel, Les Eléments (1737).

Avis critique
49 min
La Grande table (2ème partie)
33 min