Frédéric Worms s'entretient avec Catherine Chabert, psychanalyste.
- Catherine Chabert
Le simple titre du dernier livre de Catherine Chabert fait sursauter tout un chacun. Maintenant, il faut se quitter… Mais pourquoi nous fait-il frémir ainsi? Ce n’est pas par hasard, bien sûr. C’est parce que la séparation et la perte ne sont pas des expériences parmi d’autres. Ce sont des épreuves qui révèlent non seulement les capacités de chacun à les admettre et à les supporter, mais aussi les tensions et les structures les plus profondes de la vie psychique et de la vie humaine en général. La perte et la séparation sont de douloureuses révélatrices, qui peuvent être destructives, mais aussi dans certains cas constructives et en tout cas face auxquelles il faut des attitudes réparatrices. Elles retentissent jusque sur la politique. Et même l’amour en est traversé : il passe par des phases de folie, tout comme le deuil ou l’angoisse, quoiqu’en sens inverse. Mais même la folie d’amour si elle se prolonge peut détruire, car il faut faire l’épreuve de la différence. La douleur de la séparation, est-elle le prix à payer pour la joie de la relation?
Catherine Chabert : J'essaie de m'inscrire dans une sorte de passé-présent où les expériences présentes rappellent les anciennes.
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Accepter de se séparer, c'est aussi la voie ouverte vers le nouveau, vers d'autres lieux, d'autres liens, d'autres amours. Je pense que nombre de troubles et de douleurs psychiques sont aussi dus à des séparations intraitables.
Je crois que quand on se sépare on perd nécessairement, mais toutes les pertes ne sont pas des séparations. Il y a des séparations qui permettent une libération formidable. (...) Une fois l'amour désinvesti il y a une énergie nouvelle qui va pouvoir s'attacher à de nouveaux objets. Mais ça suppose une acceptation.
Je ne pense pas qu'on puisse traiter, faire disparaître la mélancolie.
C'est difficile d'imaginer aimer quelqu'un sans avoir à le haïr. (...) Il faut pouvoir aimer beaucoup pour pouvoir accepter de haïr, haïr sans destructivité.
J'ai une grande passion pour la psychanalyse et pour le métier que je fais. (...) On oublie aussi que dans l'analyse il y a des choses infiniment précieuses, il n'y a pas que des ombres, il y a des trésors cachés. En sachant que la douleur fait quand même partie de cette traversée...
Le choix musical de Catherine Chabert est "Porque te vas" de Rosemary Standley
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