

D’où vient notre sentiment de dégradation haineuse de la parole publique, et comment ce durcissement s’accompagne-t-il paradoxalement d’un rétrécissement de l’espace de discussion ? Toute la semaine, on s’interroge sur les formes actuelles du débat public à la lumière de l’histoire des controverses.
- Vincent Azoulay Directeur d’études à l’EHESS, directeur de la rédaction de la Revue Les annales, historien et anthropologue de la Grèce ancienne.
Les modernes projettent dans une cité grecque rêvée l’idée qu’ils se font d’un espace public régulé par une parole démocratiquement pacifiée. L’anthropologie politique de la Grèce ancienne en donne aujourd’hui une image plus complexe, qui permet de mettre à l’épreuve la notion de participation politique.
On en parle ce soir avec Vincent Azoulay, directeur d’études à l’EHESS, directeur de la rédaction de la Revue Les Annales, historien et anthropologue de la Grèce ancienne.
Les philosophes rêvaient d’une cité dans laquelle l’insulte serait bannie, mais un espace public libéré de l’insulte renverrait à la cité philosophique de La République de Platon, hiérarchique, oligarchique et antidémocratique.
Athènes était démocratique non pas parce qu’une portion substantielle des citoyens étaient impliqués directement dans les institutions civiques, mais parce qu’un contrôle des élites inédit dans l’Histoire avait été mis en place.
Si une démocratie exige du citoyen un engagement intensif permanent, elle est invivable.
Il y a toute une tension démocratique entre l’insulte et les débordements qu’elle peut supposer, et la parole juste et civilisée, car la vitalité du débat démocratique ne se contente pas de simples consensus.
>>> Extrait musical choisi par l'invité : " De beaux souvenirs" de Benjamin Biolay
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