

Jamais direct et immédiat, un débat passe par des médiations de toutes sortes. Il est aussi nécessaire, mais, comment va-t-il se dérouler ? Que va-t-il en sortir ? Il est temps de débattre aussi de ses conditions, qui sont nos conditions de vie. Ce soir avec Laurence Corroy.
« Les médias » ce n’est pas seulement un pouvoir, contre lequel il faut se protéger, qu’il faut apprendre à critiquer, au risque chez certains de critiquer la démocratie elle-même, et ses contre-pouvoirs. C’est aussi, et de plus en plus, un espace d’expression, d’apprentissage de la création et de la parole publique. L’originalité de Laurence Corroy, c’est de montrer que "l’éducation aux médias », qu’il faut défendre dans toute l’éducation, passe par la critique, certes, d’un côté, notamment contre les stéréotypes, mais aussi par la participation et la création, de l’autre côté, qui sont l’antidote actif aux stéréotypes. On a raison de résister à la face sombre des anciens et nouveaux médias. Mais il ne faut pas oublier une éducation positive et active à leur usage. Les deux sont des conditions centrales du débat. L’éducation et la démocratie doivent passer par là.
Depuis les réseaux sociaux et l'expansion d'internet, nos sociétés post-modernes sont entrées dans une nouvelle ère : nous sommes tous des producteurs de médias et de communications réticulaires, nous sommes tous émetteurs et récepteurs en permanence.
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Dès l'apparition d'une presse plus large au XIXe siècle, il naît déjà la question que celle-ci peut pervertir les jeunes publics. En réalité, lire et écrire, ce n'est plus suffisant depuis longtemps. L'enjeu de cette époque était donc de sanctuariser l'école, dans laquelle les médias n'ont pas à entrer, et de développer l'esprit critique en s'en prémunissant. La lecture de la presse était perçu comme un danger.
La génération montante, les adolescents, peuvent devenir une classe dangereuse et non maîtrisée. Il existe en effet des résurgences cycliques de discours les accusant d'être incontrôlables. Aujourd'hui, en Occident, il existe la peur du jeune.

Les médias perturbent le jeu, nous avons peur d'être dépossédés de l'instruction des jeunes et qu'il y ait une instance non maîtrisée d'un pouvoir fantasmé, sur le public. Nous nous méfions de plus en plus violemment à mesure que les médias entrent dans les familles [...]Les enfants vont avoir du mal à exprimer ce qu'ils ont vu de choquant, surtout s'ils n'y étaient pas autorisés. Les images peuvent donc s'enkyster et résonner pendant très longtemps. Il faut absolument dialoguer et anticiper ce qui peut être vu. Le non-dit, c'est le danger. [...] Le langage nous permet de prendre de la distance avec les images.
En France, nous sommes environnés par une pensée défaitiste et pessimiste, mais les médias permettent aussi aux jeunes de s'exprimer, de se responsabiliser et de s'autonomiser, en acquérant un public [...] "Oui" aux médias, s'ils sont bien contextualisés.
Extrait musical : Louis Armstrong - What a wonderful world
Pour en savoir plus : Laurence Corroy - Université Sorbonne Nouvelle
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