L’expérience eugéniste des jardins Ungemach nous est révélée par Paul-André Rosental dans son livre Les destins de l’eugénisme (Editions du Seuil, 2016).
- Paul-André Rosental Historien. Directeur du Centre d'histoire de Sciences Po.
Pendant soixante ans, dans un petit coin de Strasbourg, et jusqu’en 1980, on pouvait être locataire d’une maison-jardin charmante, avec un loyer très intéressant à condition d’enfanter. Oui, enfanter une belle progéniture, sans quoi, on ne restait pas.
Les protagonistes, Léon Ungemach roi local de la conserve alimentaire, le maire socialiste de Strasbourg Jacques Peirotes et surtout Alfred Dachert, administrateur de la Fondation Ungemach, décédé en 1972, aussi écrivain sous le nom d’Abel Ruffenach, adhèrent à cette idéologie hygiéniste nataliste eugénésique. Ce parcours du siècle passé nous donne l’occasion d’étudier avec Paul-André Rosental les divers aspects de l’eugénisme négatif, préventif, privé et nous permet de suivre l’auteur dans un réinvestissement moderne d’un eugénisme s’appuyant sur une démographie qualitative, où les liens entre eugénisme et psychologie du développement personnel sont soulignés.
Les résidents sont sélectionnés […], mais une fois qu’ils sont admis, ils ne sont pas du tout au bout de leur peine. Ils font l’objet d’une inspection annuelle, par une commission, à laquelle participe Alfred Dachert mais également des agents municipaux. […] Ils sont inspectés et notés.
Des souches saines et fécondes : saines, car on va identifier des ménages qui sont de qualité morale, humaine etc., et féconde car on va leur faire obtenir un nombre d’enfants élevé.
Il y a l’idée selon laquelle l’eugénisme est la théorie qui va aider chaque individu à tirer le meilleur de lui-même. Il y a aussi l’idée que, grâce à l’eugénisme, on va donner le meilleur de soi-même. Il y a une dimension individuelle, une dimension d’accomplissement, qui a été oubliée dans une large mesure dans l’histoire de l’eugénisme, et qui est oubliée également dans le débat contemporain.
« Pour beaucoup de réformateurs sociaux, en ce début de XXème siècle, la ville est un lieu d’expérimentation, l’idée de laboratoire est assez familière à l’époque. L’idée c’est : les problèmes sociaux se déroulent dans la ville, il faut alors essayer de trouver dans la ville des solutions d’expérimentations locales, innovatrices, pour essayer de régler la question sociale.
Extrait musical : Gracias a la vida - Joan Baez
Pour en savoir plus :
Distinctions entre eugénisme positif/négatif
1ère diffusion le 18 octobre 2016
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