Ferons-nous assez de bruit ? : épisode 5/5 du podcast Au nom du peuple

Scènes de rue à la fin du XVIIIe siècle place de l'Apport à Paris, devant l'ancien fort du Grand Châtelet.
Scènes de rue à la fin du XVIIIe siècle place de l'Apport à Paris, devant l'ancien fort du Grand Châtelet. ©Getty - © Photo Josse/Leemage
Scènes de rue à la fin du XVIIIe siècle place de l'Apport à Paris, devant l'ancien fort du Grand Châtelet. ©Getty - © Photo Josse/Leemage
Scènes de rue à la fin du XVIIIe siècle place de l'Apport à Paris, devant l'ancien fort du Grand Châtelet. ©Getty - © Photo Josse/Leemage
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Cette expression, on sait d’où elle vient. Avant d’être un slogan, ce fut, et c’est toujours, un pilier de tout système démocratique. Depuis la constitution de 1793, toutes les lois, décrets, jugements sont émis « au nom du peuple français ». On sait d’où elle vient, mais on voit aussi où elle va.

Avec
  • Arlette Farge historienne spécialiste du 18e siècle, directrice de recherches en histoire au CNRS

Arlette Farge, historienne, directrice de recherche au CNRS, rattachée au Centre de recherches historiques de l'EHESS.

Dans l’article « Peuple » dans l’Encyclopédie, Jaucourt, homme des Lumières qui n’est pas suspect d’antipathie, évoque ce « nom collectif difficile à définir », en faisant l’inventaire de ce qu’il n’est pas : ce n’est pas la populace des romains, ce n’est pas la foule. On reconnaît cette conception savante du peuple qui décrit, l’air navré, ce qui lui manque, qui pense la différence comme un moindre être. Historienne des choses ordinaires et des paroles singulières, infatigable arpenteuse du Paris populaire au XVIIIe siècle, Arlette Farge revient sur certains de ses livres (notamment Le bracelet et le parchemin) pour rendre justice à cette incertitude du peuple. 

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On a parlé du peuple, mais on n’a jamais parlé de ce qui était leurs choses les plus précieuses, sans lesquelles ils ne pouvaient pas continuer à vivre : un certificat de travail par exemple, une lettre d’un parent pas tout à fait finie d’écrire ou assez mal écrite, un petit bracelet entouré d’un papier où est écrit le nom de quelqu’un qui s’est évadé d’un hôpital, des prières. (Arlette Farge) 

Ma plus grande histoire pour moi, ce sont eux, les gens du XVIIIe, car j’ai toujours pensé qu’ils nous ressemblaient. Je sais qu’on ne peut rien faire avec les livres d’histoire, mais si je ne les écris pas, je ne veux pas vivre. Et si j’ai de la colère à les écrire, j’ai aussi énormément de joie ! (Arlette Farge)

Extrait musical choisi par l'invitée : "Ma plus belle histoire d'amour" par Barbara (1967)

Entre-Temps est une revue numérique d'histoire actuelle, collective, collaborative et gratuite, attaché à la chaire de Patrick Boucheron au Collège de France.

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