

Comment dire notre besoin d’histoire ? Pour cette première semaine où l’histoire est donnée comme une matière à penser, on a voulu composer un ensemble de portraits de voix. Nous entamons cette série avec Michelle Perrot.
- Michelle Perrot Historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'Université Paris Cité
Notre besoin d'histoire, beaucoup le proclament de manière véhémente ou revendicatrice, d’autres y voient un refuge douillet pour se consoler du dégoût que leur inspire le temps présent. Mais le passé n’est pas seulement derrière nous : c’est le cadeau que l’on peut, aujourd’hui, offrir à notre futur. Chacune est singulière : historiennes et historiens, mais aussi écrivains, artistes ou chercheur : il y a bien des manières d’avoir affaire à l’histoire. Tous ont en commun de faire de leur besoin d’histoire un appel au calme. Mais c’est un calme entraînant et passionné, comme nous le verrons avec Michelle Perrot :
Le 19e siècle c’est mon siècle. J’ai commencé à travailler sur le 19e siècle à un moment où d’ailleurs on ne pouvait pas encore travailler sur le 20e siècle parce que les archives n’étaient pas accessibles. Et par conséquent, j’étais un peu obligée de travailler sur ce siècle. Et puis ce siècle m’a séduite, m’a enchantée, m’a posé beaucoup de questions. (Michelle Perrot)
Publicité
- Michelle Perrot parle de George Sand, objet de son dernier livre :
On peut s'étonner qu'une femme comme George Sand, si libre et si solidaire des pauvres et des opprimés, n'ait pas compris la Commune. Elle était loin, dans le Berry, et les paysans n'aimaient pas la Commune ! Ils disaient "Paris est fou, Paris est fou !". La République qui a été proclamée le 4 septembre 1870, une République sans effusion de sang, il n'y en avait pas eu trop à ce moment-là. (...) Elle n'a pas vraiment compris comment, avec toute cette générosité, avec toute cette création, cet égalitarisme que l'on voulait, on aboutissait d'une part à fusiller les prolétaires d'autre part à mettre à bas la République. Ça a été pour elle une leçon terrible qui a probablement pesé toute sa vie sur ses options politiques mais elle disait "je suis restée rouge dans mon cœur".

Extrait musical choisi par l'invitée : "Respect" par Aretha Franklin - Album : "Otis Blue" (1965).
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration