

Une nouvelle série, au point de rencontre de plusieurs disciplines, sociologie, anthropologie, démographie, économie et médecine sur un thème porteur d’avenir : vieillir. Ce soir, avec Frédéric Balard, sociologue et anthropologue.
- Frédéric Balard Sociologue et anthropologue, membre du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S) et maître de conférences à l’Université de Lorraine.
Nous parlons, ce soir, d’une nouvelle génération, quasi inexistante dans les siècles passés, même le dernier : celle des personnes très âgées. Parce qu’elles étaient si rares il y a encore quelques décennies, nous les connaissons peu. Elles ont peu intéressé jusqu’ici le champ des sciences humaines. Cela change : la sociologie française est rattrapée par la réalité démographique, elles ne sont plus des exceptions statistiques. Une classe d’âge en devenir passionne Frédéric Balard, qui lui a consacré sa thèse d’ethno-anthropologie, et poursuit depuis ses travaux sur l’état de vieillesse propre au grand âge, non plus considéré seulement comme une mémoire vivante, encore moins comme une population dont il faut prendre soin, mais comme des individus faisant état de modes d’être, de faire et de penser bien spécifiques.
« Je me sens vieillir mais je ne suis pas vieux ». C’était vraiment très fort et très marqué dans leurs discours, parce qu’encore une fois, l'image du vieux dans notre société (…) n’est pas très valorisée. (…) Être vieux est surtout vu à travers le vieillissement biologique. Ils disaient : « Je me sens vieillir dans mon corps, dans ma vie, mais je refuse qu’on me catégorise comme vieux ». « Je ne suis pas vieille, pas encore », dit Mme Germaine, cent ans. (Frédéric Balard et Dominique Rousset)
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Une préconception que l’on a longtemps eue est que les personnes âgées s’ennuient, et qu’il faut les occuper. Alors qu’elles revendiquent davantage un rôle social (…) : trouver une place dans la famille, exister pour les siens, transmettre, faire valoir son expérience, c‘est ça l’enjeu du grand âge. Ce n’est pas simplement d’être occupé, de tricoter pour tricoter. C’est tricoter parce que ma petite-fille ou mon arrière-petite-fille va mettre les pulls, l’écharpe, c’est ça qui fait sens. (Frédéric Balard)

La vieillesse, malheureusement, est parfois assimilée à la maladie, au fait qu’on ne laisse plus vraiment la personne s’exprimer. Pour eux, c’est ça : « à partir du moment où l’on commence à ne plus m’écouter, c’est que ça y est, j’ai basculé ». (Frédéric Balard)
Extrait musical : "Mon enfance", de Barbara.
Revue population et avenir n°739 (téléchargement des articles payant).
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