Ce soir, nous recevons Sébastien Balibar, physicien, membre de l'Académie des Sciences, auteur de " Savant cherche refuge. Comment les grands noms de la science ont survécu à la Seconde Guerre mondiale ", paru aux éditions Odile Jacob.
- Sébastien Balibar chercheur au département de Physique de l'École Normale Supérieure de Paris, membre de l'Académie des sciences
Comment des chercheurs en physique, exilés, déracinés, inquiétés par la montée du nazisme ont-ils pu poursuivre leurs travaux scientifiques sur des sujets aussi passionnants que l’hélium liquide ou la fission de l’atome ? C’est un véritable polar que nous offre Sébastien Balibar autour de quelques personnages comme Laszlo Tisza, Fritz London, Lev Landau..., exilés à Paris ou à Londres et interdits de séjour à Moscou.
En accueillant des savants étrangers, les Etats-Unis ont fait un bond en avant dans la connaissance de la physique et ont montré la voie de l’incorporation des exilés (Einstein et beaucoup d’autres...). A Paris, le comité d’accueil monté notamment par Louis Rapkine, à partir de 1936, a fait un travail remarquable. Le programme PAUSE continue sur cette lancée, en tentant aujourd’hui d’intégrer les savants qui fuient leurs pays pour des raisons de sécurité physique ou psychique.
J'ai eu envie d'écrire un récit, et c'est un récit, comme vous l'avez dit, à deux personnages. Mais ces deux personnages rencontrent tellement d'autres scientifiques qui ont été chassés par le nazisme vers l'Angleterre, la France et finalement les Etats-Unis pour beaucoup d'entre eux, qu’il y a des couleurs qui changent dans ce récit. Et puis, des questions fondamentales se posent, du genre : comment fait-on pour faire une découverte majeure en science, alors que la situation politique et sociale est dans un déséquilibre pareil ?
L'époque où mes deux héros ( Laszlo Tisza et Fritz London) ont découvert ce liquide incroyable, l'hélium liquide, qu'on appelle superfluide […] donc, à cette époque où les uns réussissaient à avoir des idées extrêmement originales et puissantes, eh bien, on commençait à interner, à chasser, à exclure les juifs, surtout étrangers, en France. Ils vivaient dans la zone, dans un danger qui croissait sans arrêt, qui était de plus en plus terrible.
Ces immigrés, quand ils ont vu que la guerre approchait, ont voulu témoigner leur soutien à leur pays d'accueil. Ils se sentaient obligés d'aider le pays qui les avait accueillis. Et puis, par ailleurs, ils étaient menacés en tant que juifs étrangers souvent, ou en tant qu'étrangers tout court, il fallait qu'ils se protègent contre une éventuelle arrestation. Et pour se protéger, ils ont collaboré à la recherche militaire.
Extrait musical : Youkali - Kurt Weill, interprété par Teresa Stratas
Pour en savoir plus :
Biographie de Sébastien Balibar sur le site de l'Académie des sciences
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