Liberté grande : épisode 1/5 du podcast Dans quel état est le droit ?

Marches et colonnes de la Cour suprême des États-Unis.
Marches et colonnes de la Cour suprême des États-Unis. ©Getty - ©  Mint Images
Marches et colonnes de la Cour suprême des États-Unis. ©Getty - © Mint Images
Marches et colonnes de la Cour suprême des États-Unis. ©Getty - © Mint Images
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Des droits pour nous, des supplices pour les autres ? Réponses avec François Sureau, avocat et auteur notamment de "Pour la liberté : répondre au terrorisme sans perdre raison" (Tallandier, 2017).

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« La tristesse de ce temps ne tient pas seulement à ce climat de violence civile nouveau pour notre génération de citoyens, plaidait l'avocat et écrivain François Sureau devant le conseil constitutionnel du 31 janvier 2017. Il tient aussi à l’évidente fragilité des grands principes dans notre conscience même ». Entre diagnostic implacable sur les hantises du présent et évocation littéraire entre Chateaubriand et Breton, portrait intime et politique de cet état de tristesse.

Parmi les choses qui me frappent dans ce qui s’est passé au cours des dix ou vingt dernières années, et je trouve d’ailleurs que c’est particulièrement français, c’est la technicisation, ou "l’administrativisation" du droit, ce qui revient à le voir comme, au fond, un ensemble de règles et de normes avec lesquelles on peut ruser.

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Quand je suis rentré au Conseil d’Etat à la fin des années 1970, j’ai siégé à côté du dernier directeur de Cabinet du Maréchal, et à côté de gens qui n’avaient pas pu se présenter à l’époque en raison des lois anti-juives au concours du Conseil d’Etat, et qui ont été réintégrées après la guerre. Et tous ces gens vivaient ensemble, surplombés par des principes extrêmement forts. Je constate la disparition à peu près totale de cette ère.

J’ai assisté avec une certaine surprise à la capacité de toutes les institutions publiques à s’asseoir sur des principes fondateurs (rétention de sûreté, déchéance de nationalité, regroupement des fichés S, etc). Le plus étonnant pour moi n’est pas que ces idées aient été émises, mais qu’elles ne rencontrent ni l’opposition du Président de la Commission des lois, ni de l’Assemblée nationale, ni du Garde des Sceaux, etc., jusqu’à l’ultime rempart qu’a été le Conseil constitutionnel au moment de l’Etat d’urgence.

>>> Extrait musical choisi par l'invité : " A mes amis devenus ministres" de Béranger, interprété par Germaine Montero

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