Qui tranchera le débat ? : épisode 4/5 du podcast Les conditions du débat

Elections du Président du parti Socialiste. Cluses, France.
Elections du Président du parti Socialiste. Cluses, France.  ©Getty - BSIP
Elections du Président du parti Socialiste. Cluses, France. ©Getty - BSIP
Elections du Président du parti Socialiste. Cluses, France. ©Getty - BSIP
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Jamais direct et immédiat, un débat passe par des médiations de toutes sortes. Il est aussi nécessaire, mais, comment va-t-il se dérouler ? Que va-t-il en sortir ? Il est temps de débattre aussi de ses conditions, qui sont nos conditions de vie. Ce soir avec Pierre-Henri Tavoillot.

Avec

La démocratie, ce n’est pas seulement une question de peuple, mais aussi - son nom l’indique - de pouvoir. Comment concilier les deux ? Et, par exemple, dans un débat, la discussion et la décision, et même l’acceptation de la décision, c’est-à-dire  l’obéissance ? Telles sont les questions qu’affronte Pierre-Henri Tavoillot et qu'il aide aussi à trancher. Car il faut trancher. Et la légitimité démocratique, avec ses critères, dont la reddition de comptes, l’élection et les contre-pouvoirs, y aide évidemment. De même aussi, être précis sur la notion du « peuple », qui est un terme à plusieurs sens, et heureusement ! Contre toutes les réductions faussement unifiantes et réellement violentes. Il en va ici comme dans les familles : il faut une maturité partagée, pour partager la vie.

La démocratie est née de la désobéissance envers des pouvoirs absolus, mais en vérité pour être citoyen, il faut quand même ne pas penser tout le temps à son ego et être attentif aux autres. Étymologiquement, il se rapporte à l'obéissance. Il n'est pas possible de concevoir l'idée de citoyenneté sans ce moment d'obéissance, à ne pas confondre avec la servitude. La servitude nous empêche de grandir, nous infantilise, contrairement à l'obéissance qui permet de grandir.

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"Qui est le peuple ?" Nous avons beaucoup de mal à répondre à cette question centrale, cependant, nous n'avons aucun mal à désigner l'ennemi du peuple. Nous ne savons pas qui nous sommes mais nous savons contre qui nous sommes (les élites, les immigrés, etc.). Il faut renoncer à la mystique du peuple, l'idée qu'il n'y en a qu'un seul. C'est la logique libérale qui prône une pluralité de figures du peuple. En France, on déteste le libéralisme mais on est tous partisans, finalement. 

La grande illusion du "self-made man" (celui qui se construit tout seul) consiste à penser que nous n'avons pas besoin des autres pour être nous-même, or, nous avons besoin des autres pour cela non seulement parce que l'on reçoit, mais aussi parce que l'on donne aux autres. Pour grandir on a besoin de faire grandir. [...] La bonne autorité fait grandir celui qui l'exerce et celui qui s'y soumet. Aujourd'hui, nous accédons à la pureté de cette formule. Une démocratie ne devient consciente d'elle-même que lorsqu'elle accepte cette dimension constructive du pouvoir.

Le vrai peuple est capable d'agir collectivement malgré la pluralité de ses figures. L’organisation d'une démocratie doit répondre à quatre critères qui définissent l'institution et les mœurs : élection, délibération, décision et reddition de compte, sinon ce n'en est pas une.  

Le peuple ne peut être incarné, mais il a besoin d'incarnation.

Extrait musical : Dalida et Alain Delon -  "Paroles, paroles". 

Pour en savoir plus : Blog de Pierre-Henri Tavoillot 

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