

Cette expression, on sait d’où elle vient. Historiennes et historiens, philosophes et écrivains sont conviés au chevet de ce mot malade, ou en tous cas mal en point : ils auscultent le peuple dans tous ses états. Ce soir, avec Gérard Noiriel, spécialiste des migrations et des classes populaires.
- Gérard Noiriel Historien, directeur d'études à l’EHESS, spécialiste de l’immigration et de l’histoire de la classe ouvrière.
Qu’est-ce que le peuple français ? « L’ensemble des individus qui ont été liés entre eux parce qu’ils ont été placés sous la dépendance de ce pouvoir souverain, d’abord comme sujets puis comme citoyens ». On lit cette définition au seuil du livre monumental que Gérard Noiriel a fait paraître aux éditions Agone, Histoire populaire de la France. L’histoire politique serait-elle d’abord celle des luttes autour des noms du peuple ?
Quand on change de milieu, (…) je ne dis pas que c’est général, mais c’est comme ça pour moi (…), un sentiment de culpabilité nous traverse. Je suis issu d’une famille nombreuse, avec des destins sociaux très différents, et donc là, c’est très concret. Dans les réunions de famille, etc., on voit très bien comment le fossé se creuse.
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L’identité des classes populaires est construite par les dominants, donc si vous occultez constamment les dominants, vous ne pouvez pas comprendre. Il y a une dialectique, (…) et le populaire est un enjeu de lutte constant, entre le XVe siècle et aujourd’hui. Les dominés s’approprient les images qui sont construites par les dominants, mais ils les retournent après contre les dominants et donc les dominants eux-mêmes sont obligés d’évoluer ! (…) Cela me semble intéressant pour comprendre ce qu’est aujourd’hui le peuple français, que l’on a le droit de prendre comme objet d’étude.
A propos du livre d'Emmanuel Macron "Révolution" (2016) :
Le peuple au sens « classes populaires » était complètement absent. Il a tendance à voir l’histoire de France comme une histoire de classe moyenne. Les ingénieurs, les artistes… Et du coup, il ne voit pas les classes populaires comme des gens qui apportent une richesse à la société.
Chanson choisie par l'invité : la reprise de "Douce France" par le groupe Carte de séjour (1986).
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