Vrais et faux complots ? : épisode 3/5 du podcast Les conditions du débat

Novembre 2018, T. John brandissant une pancarte "la Nasa et d'autres documents militaires admettent que la Terre est plate, et non ronde" à la conférence Terre Plate Internationale, à Denver.
Novembre 2018, T. John brandissant une pancarte "la Nasa et d'autres documents militaires admettent que la Terre est plate, et non ronde" à la conférence Terre Plate Internationale, à Denver. ©Getty - Hyoung Chang
Novembre 2018, T. John brandissant une pancarte "la Nasa et d'autres documents militaires admettent que la Terre est plate, et non ronde" à la conférence Terre Plate Internationale, à Denver. ©Getty - Hyoung Chang
Novembre 2018, T. John brandissant une pancarte "la Nasa et d'autres documents militaires admettent que la Terre est plate, et non ronde" à la conférence Terre Plate Internationale, à Denver. ©Getty - Hyoung Chang
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Jamais direct et immédiat, un débat passe par des médiations de toutes sortes. Il est aussi nécessaire, mais, comment va-t-il se dérouler ? Que va-t-il en sortir ? Il est temps de débattre aussi de ses conditions, qui sont nos conditions de vie, ce soir avec Mathias Girel.

Avec
  • Mathias Girel Maître de conférences au département de philosophie à l'ENS-PSL, Directeur du Centre Cavaillès, USR République des Savoirs (CNRS-ENS-Collège de France) et Directeur de l’UMS 3610 Centre d’archives en Philosophie, Histoire et Edition des Sciences.

Le doute est nécessaire et même vital, dans la science et dans la démocratie ; la critique aussi ; mais le soupçon généralisé et les « théories du complot » en sont le risque, la pathologie, qui rendent tout débat impossible. Comment distinguer entre le doute légitime et salutaire et le soupçon délétère et destructeur ? Entre la critique qui résiste aux manipulations et celle qui mine la confiance ? Et même entre les faux complots qui sèment la haine et les vrais, car il peut y en avoir ? Par exemple, celui des industries du tabac aux Etats-Unis, et ailleurs, pour masquer les maladies causées par leurs produits, et prouvées par la science.  Toutes ces questions sont fondamentales. Mathias Girel y répond par la philosophie, la science,  des méthodes précises, en politique aussi. On va au-delà des « théories du complot », et aussi de leur déploration vague, pour  donner des critères et répondre aux défis d’aujourd’hui.

L'ignorance n'est pas forcément un état, elle peut être un effet. Certaines puissances et institutions entretiennent l’ignorance du public. [...] Certains acteurs cherchent à compliquer la production de savoir en instituant des controverses artificielles en tenant des éléments secrets, en les faisant disparaître de l'espace public. En cherchant à faire accepter des niveaux de certitudes exorbitants à leurs adversaires ce qui complique l'aboutissement à des conclusions. On peut parler d'ingénierie de l'ignorance.

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Il y a des savoirs que nous préférons ignorer, des choses dont nous ne voulons pas tenir compte, surtout en France. Le vin par exemple, fait partie du style de vie et de la culture, ses méfaits sont déniés.

L'enjeu de notre époque est d'arriver à réinscrire, à reterritorialiser les débats dans des lieux que nous maîtrisons, c'est-à-dire sans qu'il y ait trop de pression, notamment des réseaux sociaux et tout ce qui produit de la communication virale. Peut-être que le débat public, les conversations citoyennes, peuvent y concourir localement.

Extrait musical : Arthur H - Mystic Rumba

Pour en savoir plus :

--> MathiasGirel.com

--> Université PSL 

--> République des Savoirs (ENS-Collège de France-CNRS)

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