Par François Angelier
Réalisation: Laurent Paulré
Signée J.K. Huysmans, cette saillie dit bien le trouble monde qui sera celui, ce soir, de Mauvais Genres, un univers où s'en viennent rôder et se mêler fantasmes morbides, érotologie maniaque, pornophanie joyeuse. Au chapitre de l'érotologie qui mieux que **Pierre Louÿs (1870-1925) ** pour topographier les mondes charnels. Il mit en effet, sa vie durant, toute son application d'érudit, son ardeur de prédateur mondain et son lyrisme de poète pornographe, à dire le corps féminin, sa forme, sa saveur, sa mécanique intime. Un parcours qui éclate dans le volume Oeuvre érotique que lui consacre Jean-Paul Goujon, son meilleur spécialiste, chez Bouquins/Laffont.
Une vision que redoublera notre second sujet : Les 11000 Verges de Guillaume Apollinaire , mise en scène par Godefroid Segal à la Maison de la poésie. Écrit par un Apollinaire à peine remis de son congédiement par Annie Playden, cette pièce, monument de burlesque pornographique, narre les mésaventures charnues d'un potentat balkanique entre Paris et Port-Arthur. À ne pas manquer, autant pour le ballet ravi des quatre actrices que pour la scénographie, un cube rose aux parois transparentes et aux arêtes de néons, qui fait figure d'aquarium à la transparence tâchée de giclées spermatiques ou de four où se mijote le ragoût des passions torrides du futur poète d'Alcools.
Une parade que fermera Joel-Peter Witkin, à qui la BNF (site Richelieu), consacre un superbe rétrospective, le mettant en phase avec la vision noire de l'art occidentale : Goya, Rops, Redon, la Renaissance allemande. Ses reliquaires baroques où s'assemblent le decorum de la piété classique, des rebuts de morgue et des corps inouïs, monstrueux dessinent les contours d'un Golgotha "freaky" unique en son genre.
Louÿs, Apollinaire, Witkin , tel sera, ce soir, les trois personnes, de votre trinité "Mauvais Genres".
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