DVD : spécial Preston Sturges

France Culture
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MAUVAIS GENRES Emission du 14 Juillet 2007 Preston Sturges avec: François Angelier, Christophe Bier, Jean-Yves Bochet, Philippe Rouyer et Jean-Baptiste Thoret PRESTON STURGES (1898-1959) Preston Sturges fut dans les années 30 l'un des scénaristes les mieux payés d'Hollywood, réalisa douze films entre 1940 et 1955, fut considéré comme le roi de la comédie américaine, l'égal de Frank Capra et Ernst Lubitsch et reste pourtant l'un des cinéastes les plus méconnus de cette période. Après une jeunesse passée en Europe avec sa mère, amie intime d'Isadora Duncan et propriétaire d'une parfumerie à Paris, Preston Sturges rejoint son beau-père aux Etats-Unis, écrit des pièces qui rencontrent rapidement le succès et entre à Hollywood où il devient scénariste pour la Paramount. Dans les années 30, il adapte pour James Whale la trilogie de Marcel Pagnol et écrit plusieurs comédies pour Mitchell Leisen. Ces "screwball comedys" allient rapidité des dialogues aux situations les plus rocambolesques héritées du burlesque et à une rigueur du scénario. Il invente un style qui se démarque des comédies sociales de Capra et de la sophistication de Lubitsch. En 1940, devenu le scénariste le mieux payé d'Hollywood, il propose à la Paramount de réaliser son premier film. Ce sera The Great Mc Ginty (Gouverneur malgré lui) qu'il acceptera de faire pour un salaire de dix dollars. Cette satire politique raconte le destin d'un sans-abri qui, après avoir voté 37 fois, pour de l'argent, lors d'une élection, comprend rapidement le fonctionnement des institutions et grimpe sans scrupules les échelons du pouvoir. Devenu gouverneur, il finira par réaliser une bonne action qui précipitera sa chute. Ce premier film obtiendra l'Oscar du meilleur scénario. La même année, Preston Sturges réalise Christmas in July (Le Gros lot), avec Dick Powell, dans lequel un jeune employé, qui participe à un concours de slogans publicitaires, est la victime de ses collègues qui lui font croire qu'il a gagné. Ces deux premiers films sont intéressants mais c'est avec le suivant, en 1941: The Lady Eve (Un Coeur pris au piège) que le génie de Preston Sturges s'exprime totalement. Dans ce film, Henry Fonda est un herpétologue timide et maladroit, fils d'un brasseur milliardaire, qui, rentrant d'une expédition en Amazonie, rencontre sur le bateau, Barbara Stanwyck, une aventurière séduisante qui voit en lui une proie facile. Sur ce canevas classique, Sturges écrit les dialogues les plus brillants de la comédie américaine, multiplie les situations burlesques, s'inspire du dessin animé pour certaines scènes et concocte une mise en abyme qui dynamite le scénario. Toujours en 1941, Preston Sturges réalise Sullivan's travels (Les Voyages de Sullivan), avec Joel Mc Crea et Veronica Lake. Dans ce film, Sullivan, réalisateur de comédies à succès, tente de convaincre ses producteurs de le laisser réaliser un drame social. Pour ce faire, il décide de partir sur les routes, se mêler aux sans-abris.A la fin de ses trois voyages, qui l'amèneront au plus près de la misère, il abandonnera son projet de film social, comprenant que la comédie est son mode d'expression et qu'il n'y a rien de plus important que de faire rire. Un film brillant et ambigu, mêlant la comédie au mélodrame social, qui laissera désemparée la plupart des critiques de l'époque. En 1942, avec The Palm Beach Story (Madame et son flirt), Preston Sturges retrouve le ton de la comédie échevelée et burlesque. Ce film hilarant est resté célèbre pour l'une des scènes les plus incroyables de toute l'histoire de la comédie américaine. Dans un train, une bande de milliardaires très imbibés, organise un ball-trap dans le bar, remplaçant les palets par des crackers, puis finit par monter une chasse à courre dans les couloirs du train avec une meute de chiens. Il faut signaler encore The Miracle of Morgan's Creek (Miracle au village), au sujet duquel le grand critique James Agee écrira qu'il avait sans doute fallu que les producteurs soient violés dans leur sommeil pour financer un tel projet et Hail the conquering hero (Heros d'occasion), dans lequel un jeune homme, réformé pour cause de rhume des foins chronique, revient dans son village natal après la guerre, accueilli comme un héros de la guerre. Riche et célèbre, Preston Sturges fera alors de mauvais choix, notamment en s'associant à la fin des années 40 avec Howard Hughes et terminera sa carrière en France, réalisant en 1955 son dernier film, Les Carnets du Major Thompson. DVD Universal vient de sortir un coffret de 7 films, sous-titré en français, en zone 1, contenant: The Great Mc Ginty, Christmas in July, The Lady Eve, Sullivan'sTravels, The Palm beach Story, Hail the conquering hero et The Great Moment, biographie de l'inventeur de l'anesthésie. En Zone 2, Bac Films a sorti quatre films de Preston Sturges: The lady Eve, Les Voyages de Sullivan, The Palm Beach Story et Christmas in July On peut trouver chez Carlotta: Infidèlement vôtre l'un des derniers films de Sturges avec Rex Harrison et Linda Darnell, dans lequel un chef d'orchestre fantasme sur les différentes façons de réagir à l'infidélité de sa femme, tout en dirigeant un concert. Le film ressort en salles très prochainement. Chez BachFilms, on trouve Oh, quel Mercredi, un film très burlesque qui bénéficie de la présence de Harold Lloyd. La Cinémathèque française organise une rétrospective intégrale (sauf Infidèlement Vôtre qui ressort en salles) du 4 au 22 Juillet Bibliographie Il n'existe en français qu'un seul ouvrage sur la vie et les oeuvres de Preston Sturges: Marc Cerisuelo, Preston Sturges ou le génie de l'Amérique, Ed. Puf

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