C’est fou ce que le préfixe « éco » a de succès en ce moment.
On connaissait les classiques, écosphère, écosystème, écotourisme…
Voici que prolifèrent les éco-quartiers conçus par des éco-urbanistes où l’on s’adonne à des gestes éco-citoyens dans une éco-habitation possédant un éco-jardin.
On a même vu un cimetière éco-labellisé : le cimetière des Gonard près de Versailles. Cimetière entretenu selon des méthodes alternatives au désherbage chimique. Une publication municipale nous apprend que son passage au « zérophyto » (sans produit phytosanitaire) a même permis dans ce cimetière l’accueil de ruches, fournissant près de 80 kilos de miel par an.
Ces mots-valises fabriqués en série son autant de label de bonne conduite.
Ils désignent des êtres ou des choses sensés respecter l’environnement.
Mais parfois l’alliage a plus de mal à prendre.
Ainsi la fameuse écotaxe qui devait associer écologie et fiscalité a finalement été rejetée. Il faut dire que les composants du mot paraissaient se repousser. Il était difficile d’admettre qu’il eut été écologique de payer un nouvel impôt. Et dans cette affaire l’appellation ne fut peut-être pas étrangère au rejet de la chose désignée.
Autre exemple : le terme d’éco-féminisme qui revient en force mais qui ne semble
Il désigne un mouvement né de l’union des pensées féministe et écologiste. pas très stable non plus.
Selon la thèse essentielle de l’éco-féminisme, les femmes sont, au même titre que la nature, victimes de la domination masculine. Il professe que le comportement de domination et d’oppression des femmes est du même ordre que celui qui contribue au saccage de la nature.
C’est pourquoi, selon cette doctrine, aucune révolution écologique ne saurait faire l’économie d’une révolution féministe qui seule serait en mesure d’apporter un remède.
Là aussi, l’alliage a quelques difficultés à prendre, pour des raisons de fond.
L’éco-féminisme paraît en effet induire une façon féminine, distincte et séparée, de faire l’expérience des choses, de comprendre et de valoriser le monde.
Il accepterait un dualisme implicite, selon lequel les femmes seraient plus proches de la nature que les hommes. C’est pourquoi l’éco-féminisme est accusé de renforcer le mode de pensée qui fonde les hiérarchies et les logiques de domination.
Voilà de quoi nous laisser dans un état d’éco-anxiété.
Un phénomène qui serait d’ailleurs largement répandu aux Etats-Unis, notamment en raison du réchauffement climatique.
Et pour lequel existeraient même des éco-thérapies.
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