À quoi ressemble la Terre ? Voyage aux origines de la géographie

Mappemonde en forme de coeur montrant notamment la terre australe, dessinée entre 1534 et 1536, par Oronce Fine, mathématicien, astronome et cartographe français (1494-1555).
Mappemonde en forme de coeur montrant notamment la terre australe, dessinée entre 1534 et 1536, par Oronce Fine, mathématicien, astronome et cartographe français (1494-1555). ©Getty - ©  Heritage Images / Coll. Hulton Archive
Mappemonde en forme de coeur montrant notamment la terre australe, dessinée entre 1534 et 1536, par Oronce Fine, mathématicien, astronome et cartographe français (1494-1555). ©Getty - © Heritage Images / Coll. Hulton Archive
Mappemonde en forme de coeur montrant notamment la terre australe, dessinée entre 1534 et 1536, par Oronce Fine, mathématicien, astronome et cartographe français (1494-1555). ©Getty - © Heritage Images / Coll. Hulton Archive
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Dans Nos Géographies, nous aurons une pensée pour Vermeer, le grand peintre hollandais. Le seul artiste de l’histoire, semble-t-il, qui ait peint un géographe en train de travailler sur une carte... Nous parlons donc des cartes et de leur histoire, avec Laurent Maréchaux, écrivain et voyageur.

Avec

Un bourgeois en robe de chambre de soie, près de la fenêtre, en train de travailler sur une carte avec un compas. Il relève la tête, l’air rêveur. Il y a une autre carte au mur, qui représente les contours de l’Europe, un globe sur l’armoire. Nous sommes au XVIIème siècle, l’attrait de l’inconnu et des richesses promises par les terres lointaines est puissant. Avec notre invité, Laurent Maréchaux, écrivain voyageur, nous allons remonter le temps bien plus en amont, jusqu’à l’Antiquité, pour admirer la curiosité, l’audace, la formidable capacité de travail de ceux qu’il appelle "les Défricheurs du Monde", souvent eux-mêmes grands voyageurs, inventeurs géniaux des atlas et des astrolabes, des mappemondes, des boussoles et des cartes, tous ceux, d’Homère à Vidal de la Blache qui ont voulu savoir à quoi ressemble la Terre. "Géographier, c’est dessiner, décrire et se représenter le monde", a écrit Yves Lacoste, au XXème siècle.

"Le Géographe", tableau de Johannes Vermeer, peint vers 1668/1669, conservé au Musée Städel, collection Demidoff (Francfort-sur-le-Main).
"Le Géographe", tableau de Johannes Vermeer, peint vers 1668/1669, conservé au Musée Städel, collection Demidoff (Francfort-sur-le-Main).
- © Wikipédia

Avant d'être la science de l'émerveillement, la géographie, c'est une poésie qui est née avec Homère parce que les hommes, quand ils regardaient le ciel, se posaient des questions quasi métaphysiques [...]. Et pour y répondre, ils avaient, comme alternative, la mythologie avec la création du monde par la déesse Gaïa. Et puis, comme c'était relativement peu satisfaisant, il a fallu, avant de s'émerveiller, essayer de comprendre où ils étaient et comment se composait la terre sur laquelle ils étaient nés. Et c'est un poète, le premier, Homère, qui, à travers l'Iliade et l'Odyssée, va apporter des réponses poétiques à ces questions philosophiques.

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La première question que se posaient les habitants de la Terre, était de savoir si cette dernière était plate ou circulaire ou si c'était un globe. Et Homère, va apporter [...] une première réponse, en disant que c'est un disque plat, d'un ovale parfait, entouré de fleuves et océans où de puissantes colonnes supportent le ciel.

La géographie aujourd'hui fait rêver. Parce que, comme le dit Mercator, la géographie, pour laisser des traces profondes, doit ressembler à un voyage jusqu'aux confins du monde. Et aujourd'hui, on l'a vu avec la planète Mars, elle nous oblige à nous replonger dans le cosmos. Et l'on s'aperçoit que la Terre qui a été décrite par les géographes-voyageurs ne représente qu'une petite partie de l'univers.

Dans l'Antiquité, on va voir qu'il y a deux catégories de géographes : ceux qui sont dans des bibliothèques ou des lycées, et ceux qui voyagent. Et ces derniers en rajoutent toujours parce qu'ils ont besoin de dire qu'ils ont été sur le terrain, alors que les autres, se sont contentés de dessiner des cartes à partir de compilation de textes, mais ne se sont jamais rendus sur le terrain.

La géographie, c'est la synthèse d'une multitude de science, comme la géométrie, la physique, mais aussi déjà, apparaît à l'époque de l'Antiquité, l'ethnologie, la sociologie, l'anthropologie. On cherche à comprendre le monde en s'intéressant à ses habitants. Et là, on est déjà très innovateur. Hérodote apporte à la géographie une coloration qui dépasse la représentation pure et simple du monde habité.

Pour en savoir plus 

• La page de présentation de Laurent Maréchaux sur le site d'Étonnants Voyageurs, festival international du livre et du film.

CulturesMonde
58 min

Les marins ont des cartes planes mais déformées [...] et c'est là que Mercator va intervenir, en tenant compte de la sphéricité de la Terre, il va projeter sur un cylindre une carte plane et va se servir de cette projection pour créer un planisphère sur lequel il y aura les deux hémisphères. Ensuite, il va découper l'ensemble en carrés qui seront l'intersection entre les méridiens et les longitudes. C'est une carte qui va faire deux mètres de large. Et donc, pour la première fois, les marins vont pouvoir avoir une vue non déformée de l'ensemble de la Terre.

C'est en 1610, avec Copernic, que la géographie va être bousculée puisqu'il va apporter la démonstration que ce n'est pas la Terre qui est au centre de l'univers, mais le soleil. Et à partir de là, on va redéfinir le système des planètes. Et à partir du système des planètes, on va pouvoir prendre la longitude avec Huygens et l'horloge d'Homère, et pouvoir s'orienter.

Extraits sonores et lectures 

Extrait d'une lettre d'Elisée Reclus à sa mère, issue du premier tome de sa Correspondance.

Voir la terre, c'est pour moi l'étudier. La seule étude véritablement que je fasse est celle de la géographie et je crois qu'il vaut beaucoup mieux étudier la nature chez elle que de se l'imaginer au fond de son cabinet. Pour connaître, il faut voir. J'avais lu bien des phrases sur la mer des tropiques, mais je ne les ai pas comprises tant que je n'ai pas vu de mes yeux ces îles vertes et ces traînées d'algues et ces grandes nappes de lumières phosphorescentes. Voilà pourquoi je veux voir les volcans de l'Amérique du Sud.

Extrait d'un texte de Ptolémée présent dans l'ouvrage de Laurent Maréchaux.

Le Soleil, la lune et tous les astres se lèvent et se couchent non pas simultanément pour tous les habitants de la Terre, mais toujours plus tôt pour les Orientaux, toujours plus tard pour les Occidentaux, car l'uniformité dans la courbure de la Terre en toutes ses parties fait que les interceptions se succèdent progressivement sur tout le tour.

Extrait d'un texte d'Al-Idrîsî, présent dans l'ouvrage de Laurent Maréchaux.

On voit à Rome le palais du prince qu'on nomme pape, les fonts baptismaux sont alimentés par de l'eau courante et l'on peut voir un trône d'or où siège le pape. Cette chaire est située à proximité de portes qui donnent accès au souterrain où les restes de Saint-Pierre sont ensevelis.  

Constantinople a une forme triangulaire. La ville a une centaine de portes, dont la principale est la porte dorée. Sa structure est entièrement en fer et recouverte d'or. Cette ville renferme un palais célèbre, renommé pour sa hauteur, pour son étendue et pour la beauté de son agencement. 

Alexandrie est entourée de fortes murailles et de beaux vergers. Ses rues sont larges et ses constructions solides. Les maisons y sont carrelées en marbre et les voûtes intérieures des édifices soutenues par de fortes colonnes. Ses marchés sont vastes et ses campagnes productives.

"Poème sur la 7ème" de Johnny Halliday écrit par Philippe Labro.

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Être né quelque part 

Personnellement, au cours de mes voyages, j'ai eu l'impression d'être né dans plusieurs territoires différents. D'abord en Afghanistan, où je suis allé dans les années 80, mais également en Patagonie. Et à chaque fois, je me suis retrouvé en communion avec la nature. Mon esprit et ma contemplation de la beauté du monde m'ont laissé penser que j'avais pu être issu de ces régions que j'étais en train de parcourir. Laurent Maréchaux

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