De nouvelles stratégies de navigation redessinent les routes maritimes et redistribuent les échanges commerciaux, « Nos Géographies » en discute avec les géographes Pauline Pic et César Ducruet.
- Pauline Pic Doctorante en géopolitique à l'université Laval (Québec), agrégée de géographie, elle est titulaire d'une maîtrise en géographie de l'université Paris-Sorbonne.
- César Ducruet Directeur de recherche au CNRS, géographe au laboratoire Economix de Paris-Nanterre
Le 23 mars dernier, le porte-conteneurs « Ever Given », 400m de long, a dévié de sa trajectoire et s’est échoué en travers du canal de Suez. Une catastrophe coûteuse pour les échanges commerciaux, révélant le rôle central des grands canaux, Suez, Panama, Malacca et la fragilité du transport maritime, qui assure pourtant 90% des échanges internationaux. Les armateurs russes ont aussitôt communiqué sur les routes maritimes arctiques, libérées une partie de l’année par la fonte accélérée des glaciers. Une option loin d’être assurée ni même souhaitable. Au-delà des difficultés pratiques et climatiques, les grands ports mondiaux, de plus en plus orientés vers la zone Pacifique, en sont très éloignés et les enjeux économiques, écologiques et géopolitiques sont nombreux.
Avec Pauline Pic, doctorante en géopolitique à l'université Laval (Québec), agrégée de géographie, titulaire d'une maîtrise en géographie de l'université Paris-Sorbonne et César Ducruet, géographe et directeur de recherche au CNRS, Laboratoire EconomiX (Paris-Nanterre).
Effectivement, on se rend compte qu'entre les années 40 et la fin des années 90, on a un grand fossé qui fait qu'on a plus d'analyses sur les réseaux maritimes, au niveau mondial. On voit que la recherche se concentre de plus en plus sur le local, sur les ports, sur les arrière-pays. Et la géographie humaine dans son ensemble a tendance à quitter les questions portuaires et maritimes qui sont de moins en moins à la mode. César Ducruet
En ce qui concerne l'Arctique, c'est un lieu commun de penser que c'est un espace vide et vierge. Ce type de représentation est beaucoup véhiculé, alors qu'en fait, ce sont des territoires qui sont habités, pratiqués, et de fait, la navigation s'y pratique depuis des millénaires. On estime qu'il y a environ 5000 ans, les archéologues ont trouvé des traces de populations qui sont parties de Sibérie orientale, qui ont traversé le long de l'archipel de la côte de l'Alaska, puis de l'archipel arctique canadien et sont arrivés jusqu'au Groenland. [...] On estime que des populations vikings auraient atteint le Groenland il y a environ mille ans. Pauline Pic
Pour en savoir plus
Sur Pauline Pic
• La page de
présentation de la géographe sur le site Géoconfluences.
• Les
publications de la géographe sur le site Cairn.info.
• Un
article de Pauline Pic, "Naviguer en Arctique", sur le site Géoconfluences.
Sur César Ducruet
• La page de
présentation du géographe sur le site de l'UMR Géographie-cités.
• Les
publications du géographe sur le site HAL.
• La
thèse du chercheur, "Les villes-ports, laboratoires de la mondialisation", sur le site des Archives ouvertes.
Le réseau mondial n'a pas attendu la conteneurisation pour devenir de plus en plus centralisé autour de quelques hubs. C'est un processus qui se dessine déjà à partir des années 20 et 30, avec l'avènement de la domination de la vapeur sur la voile et, petit à petit, le glissement vers vers la combustion. On voit qu'à partir des années 50, avec l'avènement de la conteneurisation, surtout aux Etats-Unis, ça s'accélère, que le réseau est de plus en plus "optimal", de plus en plus centralisé autour de grands ports. César Ducruet**
Pour ce qui est du trafic conteneurisé, Shanghaï est passé devant Singapour en 2018. Singapour avait longtemps dominé la hiérarchie portuaire mondiale et avait succédé à Rotterdam quelques années avant. Dans le classement des quinze premiers ports mondiaux pour le trafic conteneurisé, on a essentiellement des ports chinois, si l'on considère qu'Hong-Kong est en Chine, et également, on a quand même aussi Pusan en Corée du Sud. Le seul port dans les dix premiers qui sorte d'Asie orientale, ça va être Jebel Ali à Dubaï, et Rotterdam arrive en onzième position.César Ducruet
Extraits musicaux et sonores
Extrait d'un reportage sur le porte-conteneurs "Jules Verne" passant le canal de Suez (2013).
"La complainte du phoque en Alaska" par le groupe Beau dommage - Album : "Beau Dommage (édition du 30e anniversaire) (1974) - Label : EMI Music Canada.
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"On a slow boat to China" par Phil Woods - Album : "Woodlore" (2015) - Label : Avid Entertainment.
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