Toutes sortes de monstres : Pan, le dieu bouc

Pan, 1925. Pan is the Ancient Greek god of shepherds, hunting and rustic music. From The Book of Myths by Amy Cruse, 1925
Pan, 1925. Pan is the Ancient Greek god of shepherds, hunting and rustic music. From The Book of Myths by Amy Cruse, 1925 ©Getty - 	Heritage Images
Pan, 1925. Pan is the Ancient Greek god of shepherds, hunting and rustic music. From The Book of Myths by Amy Cruse, 1925 ©Getty - Heritage Images
Pan, 1925. Pan is the Ancient Greek god of shepherds, hunting and rustic music. From The Book of Myths by Amy Cruse, 1925 ©Getty - Heritage Images
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Dieu de la fertilité, ce fils d'Hermès et d'une nymphe dit on, est surtout célèbre pour son appétit sexuel bestial et insatiable.

Avec ce petit dieu grec du plaisir et de la joie, pas question de souffrir comme hier avec l’affreux Tlaloc. On ne sait pas trop qui furent les parents du dieu Pan. Certains prétendent, tenez-vous bien, qu’il serait le fils du dieu Hermès et de la reine Pénélope, si, si, la fidèle épouse d’Ulysse. Ou pire encore : Pan serait l’enfant issu de toutes les semences déposées dans le ventre de Pénélope par les prétendants au trône d’Ulysse. Ce sont de mauvaises langues, mais il faut bien expliquer pourquoi ce bébé a des pieds de bouc, du pelage sur ses jambes et des cornes au front.

Quoiqu’il en soit, Hermès, l’un de ses pères supposés, l’accueillit fièrement, l’enveloppa dans une peau de lièvre et s’en fut le montrer aux grands dieux sur l’Olympe. Le bébé ouvre la bouche pour crier, mais il bêle, ce qui fait hurler de rire les dieux assemblés. Puis, comme le bébé bouc continue son boucan, les Olympiens décident que ça suffit, que le petit Pan est bruyant et souriant, mais qu’il faut le dégager.

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Il fait du bruit. Il n’est pas le seul. Dionysos le Bruyant et Apollon l’Ebranleur en font également. Mais seul l’enfant aux pieds de bouc est capable de semer la panique. Car panique vient de Pan. La panique est la peur qu’il inspire, une absolue défaite de la raison en rase campagne, dont le dernier témoignage attesté pendant une bataille concerne les Gaulois quand ils envahirent Delphes. Pan sortit sa conque, souffla dedans et selon Pausanias, paniqués par le bruit des chevaux imaginaires, des troupeaux inventés et des taureaux inexistants, les Gaulois s’entretuèrent en plein sanctuaire de Delphes.

De qui est-il le dieu ? Des bergers, des troupeaux, de la fécondité. Pour qu’elle soit assurée et que les bêtes soient fécondes, Pan doit pouvoir baiser à peu près tout le temps. Alors il traque les filles, les nymphes, les bergers, les chèvres, et quand il est seul, il ne peut pas s’arrêter. Ce petit bouc divin n’est pas présentable !

Quand il cesse de baiser, Pan joue de sa flûte, la célèbre flûte de Pan. Selon certains, il courait derrière la nymphe Syrinx qui ne voulait pas de lui. Il la rattrapa. Syrinx demanda aux dieux de la changer en roseau, et les dieux l’exaucèrent. Triste et désolé, Pan coupa une gerbe de roseaux, tout ce qui restait de sa bien-aimée, et coupa les tiges à des hauteurs différentes en les collant les unes aux autres avec de la cire. Ainsi, des amours ratées de Syrinx et de Pan, naquit la flûte qu’on appelle syrinx ou flûte de Pan.

Alors Pan découvrit que la flûte de roseaux aidait l’étalon à saillir la jument, qu’elle pouvait faire pousser l’herbe, favoriser la lactation des femelles. Après quoi, aucune nymphe ne résista au charme de Syrinx qui, sous les lèvres de son amant cornu, s’était transformée en instrument à vent.

Personne n’a mieux parlé du dieu Pan que Victor Hugo dans un poème qui en fait un satyre inconvenant. Le dieu Hermès vient le prendre par l’oreille pour le traîner au tribunal des dieux. Mais le satyre devient immense, « des avrils tout en fleurs verdoyaient sur ses membres », « sa poitrine terrible était pleine d’étoiles » et le petit dieu bouc triomphe du roi des dieux. « Place à tout ! Je suis Pan ! Jupiter, à genoux ! »

Ah, j’allais oublier. Place à tout, bien sûr. Car en grec, Pan signifie « tout. »

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