Agnès Geoffray :"L'idée d'images latentes survole tout mon travail"

Agnès Geoffray
Agnès Geoffray - Agnès Geoffray
Agnès Geoffray - Agnès Geoffray
Agnès Geoffray - Agnès Geoffray
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Nous recevons la photographe à l'occasion de son exposition au FRAC-Auvergne à Clermont-Ferrand jusqu'au 3 mai 2020. Elle nous parle des origines de son travail, du pouvoir évocatoire des images, qu'elles aient un contenu historique fort ou qu'elles soient tout simplement banales.

Avec

Une partie de l'iconographie qu'utilise Agnès Geoffray est composée d'images qui proviennent de ses propres prises de vues, mais aussi d'images qu’elle trouve et utilise telles quelles, ou en leur apportant de subtiles modifications. Le FRAC (Fond régional d'art contemporain Auvergne) lui consacre une exposition à Clermont-Ferrand jusqu'au 3 mai 2020, qui fait également l'objet de l'édition un très beau catalogue. 

Métamorphose V, série Métamorphoses, 2015
Métamorphose V, série Métamorphoses, 2015
- Agnès Geoffray

Extraits de l'entretien

J'aime l'idée du regard filtré. Nous, en tant que regardeur, il y a une participation active à reconstruire, à scruter et à fouiller dans le réel et dans les images. Dans ma position d'artiste, ce que j'aime, c'est filtrer les images, soit par association, soit par retouches : il y a toujours une forme de filtre qui s'opère face aux images. Je crée une distance pour qu'on ne les reçoive pas entièrement, et qu'on y accorde du temps et de la pensée : il s'agit de porter attention aux images, justement, parce qu'elles ne se révèlent pas entièrement.

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On sait que depuis le début, la photographie, a été trafiquée, retouchée, falsifiée : il n'y a pas de réalité photographique. Une partie de mon travail ne pose pas tant la question de la vérité, mais au contraire, cherche à contrarier la perte et faire basculer une image dans une autre réalité. J'ai travaillé sur des images douloureuses qui ont un tenant historique fort, et face à ces images, j'interviens aussi sur des images ordinaires, banales que j'ai glanées au gré de mes recherches, et dont la retouche peut permettre de révéler une violence cachée. Le geste de retouche est soit un geste d'apaisement, d'attention face à ces représentations victimaires, soit une façon de recréer un état de tension immanente à l'image.

Les peurs archaïques ont fondé mon travail, et au fil des années, elles ont pu prendre des directions plus prégnantes, en interrogeant des violences manifestes, dures, horribles, au fur et à mesure que j'allais vers les représentations victimaires. C'est une oscillation entre les peurs d'enfance at les peurs les plus indicibles.  

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Archives

Joan le Guillerm, émission "Par les temps qui courent", France Culture, 2017

Jacques Rancière, émission "les matins", France Culture, 2003

Annie Franck, émission "L'art et la matière", France Culture, 2019

Yervant, Gianikian, émission "Trans formes", France Culture, 2000

Antoine d'Agata, émission "Surpris par la nuit", France Culture, 2003

Lecture

Texte de Sally Bonn paru dans le catalogue Agnès Geoffray, publié par le FRAC (2020)

Références musicales

Vincent Courtois, Regards

Catherine Hershley ,La chute

Ivor Cutler et Linda Hirst, Women of the world

Prise de son

Marie Lepeintre

Vous pouvez écouter et/ou podcaster cet entretien en cliquant sur le lien ci-dessus

L'équipe