Nous recevons les réalisateurs à l'occasion de la sortie de leur film-documentaire "Des hommes" en salles depuis le 19 février 2020. il nous parlent de silences, de violence mais aussi d'une humanité qui se révèle dans le désir de se laisser voir.
- Jean-Robert Viallet Réalisateur et documentariste
- Alice Odiot réalisatrice
Pour tourner leur film Des hommes, Alice Odiot et Jean-Robert Viallet ont passé 25 jours en immersion dans la prison des Baumettes, établissement carcéral emblématique de la ville de Marseille : 30 000 mètres carrés et 2 000 détenus dont la moitié n’a pas 30 ans. Une prison qui raconte les destins brisés, les espoirs, la violence, la justice et les injustices de la vie.
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Extraits de l'entretien
Le film, par lui-même, par les séquences, par la présence des individus qui y sont, les détenus mais aussi les surveillants et surveillantes, interroge sur la pertinence ou l'absurdité de tout ça. C'est un film qui interroge sur la récidive, et la mise en scène de la circularité est un moyen de montrer ce qui se passe, comme dans un zoo, où on observe. Ca nous met nous, spectateurs dans une position inconfortable : c'est un signe mis au début du film, puisque regarder des gens en prison, ce n'est pas y être. C'est un jeu dangereux de regarder des gens en prison, comme des animaux dans un zoo, même si le film essaie de faire autre chose. Etre en prison, enfermé, ça peut nous amener à quelque chose qui s'approche de la folie, exactement comme la folie des animaux enfermés dans les zoos et qu'on voit tourner dans leur cage. Jean-Robert Viallet
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Ce film n'est pas né d'une simple autorisation de filmer, il a fallu un désir intense d'être filmé de la part de tout le monde. C'est ce qui me surprend le plus, quand j'arrive dans cet endroit, c'est que je ne rencontre aucune colère, il y a une sorte d'attente, une pause, puis tout d'un coup, ce désir de nous parler, de communiquer avec nous, de parler à la caméra et de se laisser voir par elle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de désir, aussi bien de la part des détenus, du personnel pénitentiaire, que de la directrice des Beaumettes elle-même. Elle a eu envie de nous ouvrir ses portes, de nous laisser aller absolument partout avec une liberté complètement déconcertante. Je ne peux pas imaginer que derrière ce désir, il n'y a pas une volonté de se remettre en question. Alice Odiot
On ne peut pas changer le monde, mais en donner à voir une partie, ça c'est en notre pouvoir. C'est pour ça que je fais ce boulot, pour aller dans ces endroits qui ne se laissent pas facilement approcher –le monde de l'entreprise, la prison-, et pour montrer comment ça marche. J'espère que notre travail peut servir à donner un instrument pour réfléchir à la société dans laquelle on vit. Alice Odiot
A départ, dans notre projet, il y a un fond politique qui passe par notre propre subjectivité, mais le film en lui-même c'est du cinéma. Il s'agit, pour nous, d'emmener le spectateur dans une expérience de cinéma qui peut réveiller sa fibre politique, sa fibre compassionnelle et sa colère, ou même ses mécanismes de réflexion et de pensée. Le film n'est pas là pour documenter ou apporter des réponses, il est là pour vous emmener dans une histoire. Ce film est l'occasion de nous emmener dans un endroit inaccessible et inhabituel, et de nous mettre dans une situation d'inconfort et d'émotions : toutes ces choses qui sont importantes pour réfléchir à la société dans laquelle on est. Jean-Robert Viallet
Référence musicale
The Blaze, Territory
Prise de son
Audrey Guellil
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