Nous recevons le cinéaste pour la parution de son livre "Amos Gitai. Yitzhak Rabin. Chroniques d’un assassinat" aux éditions Gallimard/BNF. L’occasion d’évoquer son travail, son rapport à l’histoire et aux archives.
- Amos Gitai Cinéaste
En 2018, Amos Gitai a donné à la Bibliothèque nationale de France l’ensemble des archives liées à son travail de plus de vingt ans sur l’assassinat, en 1995, du premier ministre israélien Yitzhak Rabin. Cette somme est à l’origine du livre, Amos Gitai. Yitzhak Rabin. Chroniques d’un assassinat qui paraît aux éditions Gallimard/BNF. Une exposition était également prévue à la BNF du printemps au 7 novembre 2021.
L’enjeu de l’archive
J’ai une formation d’architecte, je n’ai jamais d’école de cinéma, ou de théâtre, ce qui fait que je me sens complètement libre de considérer mes archives comme des gestes civiques, des gestes de mémoire. Mais pour moi, la mémoire, ce n’est pas uniquement un regard vers le passé, parce que, la mémoire ou l’archive, sont aussi une proposition d’avenir. Un jour, on aura besoin de collectionner ces souvenirs pour continuer. Amos Gitai, cinéaste et écrivain
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Quand je donne des archives, je donne d’abord de la matière brute, à savoir, l’événement lui-même, comme l’assassinat d’ Yitzhak Rabin. C’est un challenge, à savoir, comment sculpter, à l’intérieur de cette masse qui est dans le domaine public, des séries de versions scénaristiques d’après tous mes rushs. C’est une proposition faite à un cinéaste ou un historien de faire un challenge de mes propres choix. C’est aussi, l’enjeu de l’archive, comment la considérer comme à la fois une transmission, et un moyen de faire évoluer l’héritage pour d’autres générations. Amos Gitai, cinéaste et écrivain
Donner des interprétations et des perspectives différentes
Je trouve que le meilleur mode de transmission, c’est le non-dit, c’est-à-dire qu’on laisse des traces, quelques clés, et on voit si les gens prennent les clés et font une démarche de recherche, ou non. Cette démarche de recherche a plus de sens pour moi, car j’aime dialoguer avec des interprètes, plus qu’avec des consommateurs. D’ailleurs, c’est aussi ce que j’aime en tant que spectateur, quand je vois un film opaque de Pasolini, Rossellini, Fassbinder ou de Jean-luc Godard, il faut que j’interprète, que je fasse des liaisons, et que je donne des significations. Alors, avec cette donation d’archives, il y a, à la fois, la matière brute, mais aussi des scénarios, un travail cinématographique, un travail de comédiens, et tout cela forme une série de couches d’interprétations et de perspectives différentes. En fait, ce que j’aime, c’est travailler simultanément avec plusieurs médiums, que ce soit, la photographie, le cinéma, la littérature ou le théâtre. Amos Gitai, cinéaste, et écrivain
Les archives, des fragments qui posent question
Il ne faut pas être pessimiste, il y a une lutte nécessaire contre l’oubli, et je crois qu’elle donne de l’énergie. La planète n’a pas évolué grâce aux mitraillettes, ni à l’argent, mais elle a évolué grâce aux idées. Donc, il faut parler des idées. J’ai donné des archives dans le monde entier, accessibles à tous les chercheurs, parce que je pense qu’il faut construire un réseau qui garde ces fragments, qui posent question du fait même de leur existence. Amos Gitai, cinéaste et écrivain
Références musicales
Vashti Bunyan, Accross The Water
Mary Halvorson’s Code Girl, Lemon trees
Archives
Delphine Horvilleur, émission "La grande table", France Culture, 2021
Patrick Boucheron, émission "Hors champs", France Culture, 2015
Prise de son
Ludovic Auger
L'équipe
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