Barbara Cassin : "La langue est un lieu de l'identité temporaire"

Barbara Cassin
Barbara Cassin - Boris Roessler/DPA
Barbara Cassin - Boris Roessler/DPA
Barbara Cassin - Boris Roessler/DPA
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La philologue et philosophe a été élue à l'Académie française. Son essai " La Nostalgie. Quand donc est-on chez soi? Ulysse, Enée, Arendt" vient d'être réédité aux éditions Autrement.

Avec
  • Barbara Cassin Philosophe, philologue, académicienne et directrice de recherche au CNRS

Avec Ulysse, son voyage, son lit enraciné et son si bref retour, avec Enée compliquant les choses dans le rapport langue/peuple - et tant mieux-, avec Hannah Arendt gardant sa langue maternelle allemande si précieuse jusque dans l'exil, ou évoquant Jacques Derrida et sa pluri-appartenance, Barbara Cassin délie la langue et la patrie. Elle le fait dans ce texte [écrit en 2013], et réédité récemment " La nostalgie, quand donc est-on chez soi? ", comme elle le fait, semble t-il, depuis toujours, sondant le pouvoir des mots, n'empruntant jamais les chemins les plus simples. Gageons qu'elle continuera de le faire à l'Académie Française, où elle vient d'être élue. 

Je suis chez moi dans la mesure où ça ne m'appartient pas. Je suis partie de cet étrange sentiment qui fait que je me sens vraiment chez moi, là où je ne suis pas chez moi. 

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Il faut être au plus loin de chez soi, pour pouvoir enfin rentrer. Ulysse, Enée et Arendt sont les trois personnages que je suis dans ce livre.

On ne parlera jamais assez de la mort méditerranée, jamais on ne hurlera assez sur ce qui est en train de se passer.

Hannah Arendt m'a enseigné que que nous pouvions délier langue et peuple, que l'accent est une très belle chose ; la langue sous la langue. Ça dit qu'on ne perd rien de ce qu'on est, et qu'on peut faire "chanceler les choses" . Comme Derrida, comme elle, je n'ai qu'une langue maternelle, je l'ai compris quand je me suis mis à traduire. Du grec. 

Programmation musicale :

  • Générique de fin, Elis Regina, Pororo Popo